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TITRE VII
DE LA LUSTRATION
CHAPITRE VI. - Le sable pur
fin sert d'ablution au musulman et remplace l'eau. --
El-Hasan a dit : "La lustration pulvérale suffit tant
qu'il n'est pas survenu d'impureté accidentelles" ; et
Ibn-'Abbâs dirigea la prière après une lustration
pulvérale. -- Yahya-ben-Sa'îd a dit : "Il n'y a aucun
inconvénient à faire la prière dans une sabkha
(Bas-fonds avec efflorescence de sel.) et à se servir de
sa poussière pour faire la lustration pulvérale."
1.
'Imrân a dit :
"Nous étions partis en expédition avec le Prophète et
avions voyagé de nuit. Quand la fin de la nuit arriva
nous dormîmes d'un sommeil le plus agréable possible
pour un voyageur et nous ne fûmes réveillés que par
l'ardeur du soleil. Les premiers qui se réveillèrent
furent un tel, un tel, un tel --- Abou-Redjâ les a
énumérés, mais 'Auf a oublié leurs noms --- et un
quatrième, 'Omar-ben-El-Khattâb. Quant au Prophète s'il
dormait personne de nous ne le réveillait et l'on
attendait qu'il se réveillât de lui-même. Nous ne
savions pas, en effet, ce qui pouvait lui survenir au
cours de son sommeil.
"Lorsque
'Omar, qui était un homme énergique, fut réveillé et
qu'il vit ce qui venait d'arriver (ils avaient laissé
passer l'heure de la prière du matin sans la faire) aux
fidèles, il fit le tekbîr en élevant fortement la voix.
Il ne cessa de répéter le tekbîr en forçant toujours sa
voix, jusqu'à ce que le bruit de sa voix réveillât le
Prophète. Aussitôt qu'il fut éveillé on vint se plaindre
à lui de ce qui venait de se passer : "Il n'y a pas de
mal --- ou cela ne nuira pas, --- dit le Prophète,
mettez-vous en marche." On se mit en marche, puis, après
avoir fait un court trajet, le Prophète s'arrêta et
demanda de l'eau pour ses ablutions. Il pratiqua ses
ablutions ; on fit l'appel à la prière et tout le monde
pria avec le Prophète.
"Lorsque
la prière fut terminée on s'aperçut qu'un des fidèles
était resté à l'écart et n'avait pas prié. "Ô un tel,
dit le Prophète, qu'est-ce qui t'a empêché de faire la
prière avec les autres ? --- J'étais en état d'impureté,
répondit l'homme, et je n'avais pas d'eau. --- Il
fallait prendre du sable, répliqua le prophète, il
aurait produit le même effet."
"Comme le
Prophète poursuivait sa route, les fidèles se
plaignirent de la soif. Il descendit alors de sa monture
et appela un tel --- Abou-Redjâ le nomme, mais 'Auf a
oublié son nom ; --- il appela également 'Ali et dit à
tous deux : "Allez à la recherche de l'eau." Ils
partirent et ils rencontrèrent une femme perchée sur un
chameau entre deux outres du genre mezâda ou satîha (ce
sont de très grandes outres), remplies d'eau. "Où se
trouve l'eau ? demandèrent-ils. --- J'ai trouvé cette
eau, répondit-elle, hier à pareille heure. Nos hommes
(sont partis et) nous ont laissés. --- Alors,
reprirent-ils, marche ! --- Vers quel endroit ?
répliqua-t-elle. --- Vers l'Envoyé de Dieu,
répondirent-ils. --- Ah ! vers celui qu'on appelle le
Sabéen (ce mot voulait dire : celui qui a changé de
religion), s'écria-t-elle. --- C'est bien celui que tu
veux dire", ajoutèrent-ils. Ils se mirent donc en route
et amenèrent cette femme au Prophète et lui racontèrent
leur aventure. "Qu'on fasse descendre cette femme de son
chameau", dit le Prophète. Puis il fit apporter un vase
et y versa l'eau des deux outres --- mezâda ou satîha
--- après en avoir ouvert les orifices qu'il referma
ensuite. Il ouvrit après cela la partie inférieure des
outres et on appela tous les fidèles qui firent boire et
burent, chacun buvant et faisant boire autant qu'il
voulait. Enfin le Prophète donna à l'homme qui avait
annoncé être en état d'impureté un vase plein d'eau, en
lui disant : "Va et verse cette eau sur toi !"
"La femme,
debout, regardait ce qu'on faisait de son eau. eh bien !
j'en jure par Dieu, quand on cessa de prendre de l'eau,
il nous sembla que les deux outres étaient encore plus
pleines qu'elles ne l'étaient avant qu'on y puisât. Le
Prophète dit alors aux fidèles de faire une quête en
faveur de cette femme. On réunit des dattes, de la
farine et du sawîq, au point de lui constituer un repas
; on plaça le tout dans une pièce d'étoffe ; on le
chargea sur le chameau de cette femme et on disposa le
paquet devant elle. "Tu vois, lui dit alors le Prophète,
que nous n'avons en rien diminué la quantité de ton eau
et que c'est Dieu qui nous a abreuvés." La femme
retourna dans sa famille et, comme elle avait tardé à
venir, on lui dit : "Qu'est-ce qui t(a donc retenue, ô
une telle ? --- Une chose étrange, répondit-elle ; deux
hommes m'ont rencontrés, ils m'ont emmenée auprès de cet
homme qu'on appelle le Sabéen, et celui-ci a fait telle
et telle chose. Par Dieu ! c'est le plus grand sorcier
des hommes, ici ou ailleurs." Alors avec ses deux
doigts, le médium et l'index, qu'elle éleva vers le
ciel, elle sembla dire : le ciel et la terre, ou :
certes, il est bien en vérité l'Envoyé de Dieu.
"Par la
suite, les musulmans, faisant des incursions contre les
polythéistes de son voisinage, épargnaient toujours le
groupe familial dont cette femme faisait partie. Un jour
elle dit à ses gens : "Je vois que ces gens-là vous
épargnent de propos délibéré, voulez-vous être musulmans
?" Ils acceptèrent sa proposition et entrèrent dans
l'islamisme."
El-Bokhâri
dit que Saba'a (d'où vient sabéen) est un verbe qui
signifie passer d'une religion à une autre. ---
Abou-'l-'âliya dit que les Sabéens forment une secte des
gens du Livre qui récitent les psaumes.