Sahih Al Boukhari
 

 

 
 

TITRE 23

 DES FUNERAILLES

CHAPITRE PREMIER. --- De ce qui est rapporté au sujet des funérailles et de celui dont les dernières paroles sont : "Il n'y a pas d'autre divinité que Dieu". -- On demanda à Wahb-ben-Monabbih "Ces mots : Il n'y a pas d'autre divinité que Dieu, ne sont-ils pas la clé du Paradis ? -- Certes oui, répondit-il, mais toute clé doit avoir des crans. Si vous apportez une clé avec des crans, la porte s'ouvrira pour vous ; mais si la clé n'a pas de crans, la porte ne s'ouvrira pas pour vous."

1.
Abou-Dzarr a dit : "L'Envoyé de Dieu parla en ces termes : "Quelqu'un est venu près de moi de la part du Seigneur et m'a donné cette nouvelle --- ou cette bonne nouvelle, --- que celui de mon peuple qui, au moment de sa mort, ne commettrait pas le péché du polythéisme entrerait au Paradis." --- "Mais, objectai-je, s'il s'est rendu coupable d'adultère ou de vol ?" --- "Même s'il est coupable d'adultère ou de vol, me fut-il répondu."

2.
'Abdallah a dit : "L'Envoyé de Dieu a dit : "Celui qui meurt en commettant le péché de polythéisme ira en Enfer." Et alors j'ajoute moi : "Celui qui ne commet pas ce péché en mourant ira au Paradis."


CHAPITRE II.
--- De l'ordre qui a été donné de suivre les enterrements.

1.
El-Barâ a dit : "L'Envoyé de dieu nous a ordonné sept choses et en a défendu sept autres. Il nous a enjoint de suivre les enterrements, de visiter les malades, d'accepter les invitations, de venir en aide aux opprimés, de faciliter les obligations d'autrui prises par serment, de rendre le salut et de dire "Dieu te fasse miséricorde" à celui qui éternue. Il nous a défendu l'usage des vases en argent, des bagues en or, des vêtements de soie, de brocart, de qassy et d'istibraq (le qassy est une étoffe de fil de soie fabriquée en Egypte. Quant à l'istibraq, c'est également une étoffe de soie, sur la nature exacte de laquelle les commentateurs ne sont pas d'accord.).

2.
Abou-Horaïra a dit : "J'ai entendu l'Envoyé de Dieu dire : "Un musulman a cinq devoirs à accomplir à l'égard d'un autre musulman : lui rendre le salut, le visiter quand il est malade, suivre son convoi funèbre, accepter son invitation et lui dire : "Dieu te fasse miséricorde" quand il éternue."


CHAPITRE III.
--- Du fait d'entrer auprès du défunt à la suite de sa mort et lorsqu'il est enveloppé de ses linceuls.

1.
Abou-Salama rapporte que 'Âïcha lui avait raconté ce qui suit : "Abou-Bakr arriva à cheval de sa demeure située à Es-Sonh. Il descendit de sa monture, entra dans la mosquée sans adresser la parole à personne, et pénétra chez 'Âïcha. Il se dirigea vers le corps du Prophète, qui était recouvert d'un vêtement d'étoffe rayée du Yémen. Il découvrit le visage du Prophète, se pencha vers lui, l'embrasse et se mit à pleurer. "Ô Prophète de Dieu, s'écria-t-il, toi dont j'aurais racheté la vie par celle de mon père et ma mère, Dieu ne te fera pas mourir deux fois (les musulmans croient que les morts seront ressuscités dans leurs tombes qu'après avoir été interrogés, ils mourront de nouveau, pour ressuciter une dernière fois le jour de la Résurrection. Cette épreuve de la tombe sera épargnée à Mohammed.). La mort qu'il t'avait prédestinée, tu viens de la subir."
Abou-Salama ajoute : "Ibn-'Abbâs m'a rapporté que Abou-Bakr étant sorti 'Omar qui parlait aux fidèles : "Assieds-toi, lui dit-il", 'Omar refusa. "Assieds-toi, lui répéta-t-il", et 'Omar refusa de nouveau. Alors Abou-Bakr ayant prononcé la profession de foi musulmane, les fidèles accoururent vers lui et abandonnèrent 'Omar. "Et maintenant, ajouta-t-il, que ceux d'entre vous qui adoraient Mohammed, sachent que Mohammed est mort, mais que ceux qui adorent Dieu sachent que Dieu est vivant et qu'il ne mourra jamais. Dieu a dit : "Mohammed n'est qu'un Envoyé ; d'autres prophètes avant lui ont disparu..." (sourate III, verset 138). Par Dieu ! on eût dit que les gens n'avaient pas su que Dieu avait révélé ce verset avant que Abou-Bakr ne l'eût récité. Les fidèles dès lors recueillirent ce verset de la bouche de Abou-Bakr et on n'entendit plus personne qui ne le récitât."

2.
Zaïd-ben-Tsâbit a dit que Omm-El-'Alâ l'Ansarienne, une de celles qui avaient prêté serment au Prophète, lui avait raconté ce qui suit :
"Les Mohâdjir furent répartis par voie du sort (entre les Ansar). Celui qui nous échut fut 'Otsmân-ben-Madz'oun et nous lui donnâmes l'hospitalité dans nos demeures. Il succomba à la suite d'une maladie dont il fut atteint. Quand il fut mort, que son corps eut été lavé et enseveli dans ses habits, l'Envoyé de Dieu entra : "La miséricorde de Dieu soit sur toi, ô Abou-'s-Sâïb, dis-je alors ; Dieu, j'en rends témoignage, t'a traité généreusement. --- Et comment sais-tu, répondit le Prophète, que Dieu l'a traité généreusement ? --- Ô, Envoyé de Dieu, pour qui je donnerais la vie de mon père, répliquai-je, et qui donc Dieu alors traiterait-il généreusement ? --- Pour ce qui est d''Otsmân, répondit Mohammed, il est certain qu'il a subi la mort inévitalbe, et par Dieu ! j'ai le ferme espoir qu'il sera bienheureux, mais, j'en jure par le Seigneur, moi qui suis l'Envoyé de Dieu, j'ignore ce que le Très-Haut fera de moi (après ma mort)." Et, ajouta Omm-El-'Alâ, par Dieu ! il ne m'arrivera plus jamais dorénavant de déclarer quelqu'un pur aux yeux de Dieu."

3.
Djâbir-ben-'Abdallah a dit : "Lorsque mon père fût tué, je voulus, les yeux pleins de larmes, découvrir son visage. Les fidèles cherchèrent à m'en empêcher, mais le Prophète ne me l'interdit pas. Puis, comme ma tante maternelle Fâtima s'était mise aussi à pleurer, il lui dit : "Que tu pleures ou que tu ne pleures pas, cela n'empêchera pas les anges de l'abriter de leurs ailes jusqu'à ce que vous l'ayez porté en terre."


CHAPITRE IV.
--- De celui qui annonce lui-même la mort d'un individu à la famille du défunt.

1.
D'après Abou-Horaïra, l'Envoyé de Dieu annonça aux fidèles la mort du Négus le jour même où elle eut lieu. Il se rendit à l'oratoire en plein vent, fit mettre en rangs les musulmans et prononça quatre fois le tekbîr.

2.
Suivant Anas-ben-Mâlik, le Prophète dit : "Zaïd a pris le drapeau et a été frappé mortellement ; Dja'far l'a pris ensuite et a succombé ; 'Abdallah-ben-Rawâha l'a pris à son tour et il a été également atteint mortellement." En prononçant ces mots, les yeux de l'Envoyé de Dieu étaient baignés de larmes. Continuant alors son récit, il ajouta : "Enfin, Khâlid-ben-El-Walîd, sans en avoir reçu l'ordre, a pris le drapeau et alors la victoire a été assurée."


CHAPITRE V.
--- De l'annonce de l'enterrement. -- Abou-Râfi' rapporte, d'après Abou-Horaïra, que le Prophète a dit : "Que ne m'en avez-vous pas informé."

1.
Ibn-'Abbâs a dit : "Un homme, que l'Envoyé de Dieu avait visité (en qualité de malade), vint à mourir. Sa mort ayant eu lieu pendant la nuit, on l'enterra la nuit même. Le matin, on informa le Prophète de l'évènement. "Qu'est-ce donc, dit-il, qui vous a empêché de m'aviser plus tôt ? --- C'était la nuit, lui répondit-on, et nous avons craint, en pleine obscurité, de t'infliger quelque peine." Le Prophète se rendit aussitôt sur la tombe et y pria."


CHAPITRE VI.
--- Du mérite de celui à qui la mort enlève un enfant et qui se résigne, comptant sur Dieu. -- De ces mots du Coran : "Annonce la bonne nouvelle à ceux qui sont résignés" (sourate II, verset 150).

1.
D'après Anas, le Prophète a dit : "Il n'est pas un seul musulman, à qui la mort aura enlevé trois enfants n'ayant pas atteint l'âge de pécher, que Dieu ne fasse entrer dans le Paradis par suite de son extrême miséricorde envers les musulmans.

2.
Suivant Abou-Sa'îd, les femmes ayant dit au Prophète : "Assigne-nous un jour", celui-ci leur adressa (ce jour-là) les pieuses paroles suivantes : "Quelle que soit celle d'entre vous à qui la mort aura enlevé trois enfants, ces enfants lui feront une barrière entre elle et le feu de l'Enfer. --- Et deux enfants ? demanda alors l'une des femmes. -- Deux enfants aussi, répondit-il."

3.
Selon Abou-Horaïra, le Prophète a dit : "Aucun musulman à qui la mort aura enlevé trois enfants, n'entrera en Enfer ou, dans tous les cas, il y restera le moins possible."


CHAPITRE VII.
--- De ces paroles, que dit un homme à une femme qui était près d'une tombe : "Sois résignée".

1.
Au dire de Anas-ben-Mâlik, le Prophète passant auprès d'une femme qui pleurait sur une tombe, lui dit : "Crains Dieu et sois résignée."


CHAPITRE VIII.
--- Du fait de laver le cadavre et de procéder à ses ablutions avec de l'eau et du lotus (l'identification de la plante est appelée sidr, dont il est ici question, est loin d'être certaine. Pour les uns, c'est le lotus, pour d'autres, le zizyphus lotus, et quelques-uns pensent qu'il s'agit d'un rhamnus.). -- Ibn-'Omar oignit le cadavre d'un fils de Sa'îd-ben-Zaïd de substances balsamiques ; il le porta ensuite et fit la prière sans avoir procédé à ses ablutions. -- Ibn-'Abbâs a dit : "Le contact du musulman ne souille jamais, qu'il soit vivant ou mort." Sa'd a dit : "Si son contact avait souillé, je ne l'aurais pas touché." -- Le Prophète a dit : "Le contact du musulman ne souille jamais."

1.
Omm-'Atiyya, l'Ansarienne, a dit : "L'Envoyé de Dieu vint chez nous au moment de la mort de sa fille. Il nous dit : "Lavez-la trois fois ou cinq fois, ou même davantage si vous le jugez utile, avec de l'eau et du lotus ; au dernier lavage, mettez dans l'eau du camphre --- ou un peu de camphre --- Puis, quand vous aurez terminé ; et alors il nous donna son propre haqw en nous disant : "Couvrez-en son corps". --- Par ce mot hafou, Omm-'Atiyya voulait dire "le voile du Prophète".


CHAPITRE IX.
--- Une chose recommandable, c'est de laver (le cadavre) un nombre de fois impair.

1.
Omm-'Atiyya a dit : "L'Envoyé de Dieu entra chez nous pendant que nous lavions le corps de sa fille. Il nous dit alors : "Lavez-la trois fois, ou cinq fois, ou un nombre de fois encore plus considérable, avec de l'eau et du lotus ; au dernier lavage, mettez du camphre dans l'eau. Puis, lorsque vous aurez terminé, appelez-moi." Nous l'appelâmes donc quand nous eûmes terminé ; il nous jeta le voile qu'il portait, en nous disant : "Recouvrez-l'en".
D'après une autre autorité, le récit d'Omm-'Atiyya aurait contenu les modifications suivantes : "Lavez un nombre de fois impair, trois, cinq ou sept, etc..." ; "Commencez par les membres du côté droit et par les parties du corps qu'on lave dans l'ablution..." "Avec le peigne, nous divisâmes en trois nattes les cheveux de la morte."


CHAPITRE X.
--- Dans le lavage des membres, on doit commencer par les membres du côté droit.

1.
Omm-'Atiyya a dit : "L'Envoyé de Dieu, pour le lavage du corps de sa fille, nous ordonna de commencer par les membres du côté droit et par les parties du corps qu'on lave dans l'ablution."


CHAPITRE XI.
--- De ce qui, dans le lavage des morts, est relatif aux parties du corps qu'on lave dans l'ablution.

1.
Omm-'Atiyya a dit : "Tandis que nous étions en train de laver le corps de sa fille, le Prophète nous dit : "Commencez par les membres du côté droit et par les parties du corps qu'on lave dans l'ablution."
 

CHAPITRE XII. --- La femme peut-elle être ensevelie dans le voile d’un homme ?

1.
Omm-‘Atiyya a dit : « La fille du Prophète était morte. Il nous dit : « Lavez-la trois fois, cinq fois ou un nombre plus considérable de fois si vous le jugez nécessaire, puis prévenez-moi quand vous aurez terminé. » Aussitôt le lavage achevé, nous le prévînmes donc et alors il détacha son haqw --- son voile --- et nous dit : « Recouvrez-l’en ».


CHAPITRE XIII.
--- On mettra du camphre dans l’eau destinée au dernier lavage du cadavre.

1.
Omm-‘Atiyya a dit : « Une de ses filles étant morte, le Prophète se rendit chez nous et nous dit : « Lavez son corps trois fois, cinq fois ou un nombre de fois plus considérable si vous le jugez nécessaire, avec de l’eau et du lotus ; dans l’eau du dernier lavage, mettez du camphre --- ou un peu de camphre. --- Puis, quand vous aurez terminé, prévenez-moi. » Lorsque nous eûmes achevé, nous le prévînmes ; il nous jeta alors son voile en nous disant : Recouvez-l’en. »


CHAPITRE XIV.
--- Du fait de rebrousser les cheveux de la femme (lors du lavage du cadavre). – Ibn-Sîrîn a dit : « Il n’y a aucun inconvénient à rebrousser les cheveux du mort. »

1.
Omm-‘Atiyya rapporte qu’elle et ses compagnes avaient divisé en trois tresses les cheveux de la fille de l’Envoyé de Dieu ; qu’elles les avaient d’abord rebroussés, puis lavé, et qu’ensuite elles les avaient partagés en trois tresses.


CHAPITRE XV.
--- De quelle façon se fait l’ensevelissement du mort. – El-Hasan a dit : « Avec la cinquième pièce d’étoffe on serrera les cuisses et les hanches par-dessus la chemise. »

1.
Ayyoub a entendu Ibn-Sîrîn dire : « Une femme des Ansâr, parmi celles qui avaient prêté serment au Prophète, vint trouver Omm-‘Atiyya. Elle était venue en toute hâte à Bassora, afin de voir un de ses fils, mais elle ne l’avait pas trouvé en vie. Alors Omm-‘Atiyya nous fit le récit suivant : « Le Prophète entra chez nous pendant que nous lavions le corps de sa fille ; il nous dit : Lavez-la trois fois, cinq fois ou un nombre de fois plus considérable si vous le jugez nécessaire, avec de l’eau et du lotus ; au dernier lavage vous mettrez du camphre dans l’eau, puis, quand vous aurez terminé, prévenez-moi. » Lorsque nous eûmes achevé, il nous jeta son voile en disant : « Recouvrez-l’en. »
Ibn-Sîrîn n’ajoute rien de plus à ce récit et je ne sais de quelle fille du Prophète il s’agissait. Il a toutefois prétendu que le mot « recouvrir » était synonyme de « envelopper ». Ibn-Sîrîn disait encore que le Prophète avait ordonné que le corps de la femme fût étroitement serré par le linceul et non pas simplement drapé.


CHAPITRE XVI.
--- On devra diviser les cheveux de la femme en trois nattes.

1.
Omm-‘Atiyya a dit : « Nous tressâmes les cheveux de la fille du Prophète ; elle entendait par là : « en trois nattes ».


CHAPITRE XVII.
--- On rejettera en arrière les cheveux de la femme.

CHAPITRE XVIII. --- On rejettera en arrière les cheveux de la femme divisés en trois nattes.

1.
Omm-‘Atiyya a dit : « Une des filles du Prophète était morte. Il vint nous trouver et nous dit : « Lavez-la avec du lotus un nombre de fois impair, trois, cinq, ou un nombre plus considérable de fois si vous le jugez nécessaire. Au dernier lavage, mettez dans l’eau du camphre --- ou un peu de camphre --- ; puis, lorsque vous aurez terminé, prévenez-moi. » Quand nous eûmes achevé, nous le prévînmes et il nous jeta son voile. Nous tressâmes les cheveux de la morte en trois nattes que nous rejetâmes derrière elle. »


CHAPITRE XIX.
--- De l’emploi des étoffes blanches pour le linceul.

1.
‘Aïcha a dit : « L’Envoyé de Dieu fut enseveli dans trois pièces d’étoffes blanches en coton dites sohouliyya, de la ville de Sohoul, dans le Yémen. Dans ces trois pièces, il n’y avait ni chemise, ni turban. «


CHAPITRE XX.
--- De l’ensevelissement dans deux pièces d’étoffe.

1.
Ibn-‘Abbâs a dit : « Pendant qu’un homme était en station à ‘Arafa, il tomba de sa monture qui lui cassa le cou. Le Prophète dit alors : « Lavez son cou avec de l’eau et du lotus, et ensevelissez-le dans deux pièces d’étoffes ; mais ne l’oignez pas de substances balsamiques et ne lui couvrez pas la tête, car, au jour du Jugement dernier, il ressuscitera en criant : « Labbaïka ! »


CHAPITRE XXI.
--- De l’embaumement des morts.

1.
Ibn-‘Abbâs a dit : « Un homme qui accomplissait avec l’Envoyé de Dieu la station à ‘Arafa, tomba de sa monture qui le tua net. « Lavez-le avec de l’eau et du lotus, dit l’Envoyé de Dieu, et ensevelissez-le dans deux pièces d’étoffes, mais ne l’embaumez point et ne lui couvez pas la tête, car, au jour du Jugement dernier, il ressuscitera en criant : « Labbaïka ! »


CHAPITRE XXII.
--- Comment doit être enseveli le musulman en était d’Ihrâm.

1
. D’après Ibn-‘Abbâs, un homme en était d’Ihrâm eut le cou brisé par sa monture, pendant que nous étions avec le Prophète. « Lavez-le avec de l’eau et du lotus, dit le Prophète, ensevelissez-le dans deux pièces d’étoffes, mais ne le frottez point de parfums et ne lui couvrez pas la tête, car, au jour du Jugement dernier, il ressuscitera en criant : « Labbaïka ! »

2.
Selon Ibn-‘Abbâs, un homme qui accomplissait avec l’Envoyé de Dieu la station à ‘Arafa, tomba de sa monture qui lui brisa le cou, --- le tua net, suivant une autre version. --- « Lavez-le avec de l’eau et du lotus, dit le Prophète, mais ne l’embaumez pas et ne lui couvez pas la tête, car, au jour du jugement dernier, il ressuscitera en criant : « Labbaïka ! »


CHAPITRE XXIII.
--- De l’ensevelissement dans une chemise, qu’elle soit ou non ourlée.

1.
D’après Ibn-‘Omar, ‘Abdallah-ben-Obayy étant mort, son fils vint dire au Prophète : « Donne-moi ta chemise, qu’elle serve de linceul à mon père. Viens ensuite prier sur lui et implorer en sa faveur la miséricorde divine. » Le Prophète donna sa chemise et recommanda qu’on l’appelât afin qu’il fît la prière sur le défunt. Ainsi fut fait ; mais, quand le Prophète voulut prier, ‘Omar le prit à part et lui dit : « Dieu ne t’a-t-il pas interdit de prier sur des hypocrites ? --- Il m’est loisible, répondit le Prophète, de choisir entre deux partis, Dieu ayant dit : « Implore pour eux la miséricorde divine ou ne l’implore pas. Même, si tu l’implores soixante-dix fois, Dieu ne leur pardonnera pas » (sourate IX, verset 81). Le Prophète pria donc sur le défunt. Plus tard, le verset suivant fut révélé : « Ne prie jamais sur l’un d’eux quand il mourra et ne t’arrête pas sur sa tombe. » (Sourate IX, verset 85).

2.
Djâbir a dit : « Le Prophète alla trouver ‘Abdallah-ben-Obayy quand il était déjà enseveli. Il ordonna de le retirer de son linceul, puis il souffla sur lui en lui envoyant de sa salive, et le fit revêtir de sa propre chemise. »


CHAPITRE XXIV.
--- De l’ensevelissement dans des étoffes autres que la chemise.

1.
‘Âïcha a dit : « Le Prophète fut enseveli dans des étoffes en coton de Sohoul, parmi lesquelles ne figuraient ni chemise, ni turban. »
2. ‘Âïcha a dit : « L’Envoyé de Dieu fut enseveli dans trois pièces d’étoffes, parmi lesquelles ne figuraient ni chemise, ni turban. »


CHAPITRE XXV.
--- De l’ensevelissement sans turban.

1.
D’après ‘Âïcha, l’Envoyé de Dieu fut enseveli dans trois pièces d’étoffes blanches de Sohoul, parmi lesquelles ne figuraient ni chemise, ni turban. »


CHAPITRE XXVI.
--- Les frais d’ensevelissement sont privilégiés. – Telle est l’opinion de ‘Atâ, d’Ez-Zohri, de ‘Amr-ben-Dînâr, de Qatâda. – ‘Amr-ben-Dînâr a dit encore : « Les frais d’embaumement sont privilégiés. » -- Ibrâhim a dit : « On commencera par prélever les frais d’ensevelissement, puis les dettes, puis les legs. » -- Sofyân a dit : « Les salaires des fossoyeurs et du laveur sont compris dans les frais d’ensevelissement. »

1.
Ibrâhîm-ben-‘Abderrahmân a dit : « Un jour, comme on lui apportait à manger, ‘Abderrahmân-ben-‘Auf dit : « Mos’ab-ben-‘Omaïr a été tué ; il valait mieux que moi et cependant, pour l’ensevelir, on ne trouva rien qu’un manteau. Hamza --- ou un autre personnage --- qui valait mieux que moi a été tué, et, pour l’ensevelir, on ne trouva rien qu’un manteau. Or, je crains bien que nous autres, nous n’ayons déjà reçu d’avance, en ce monde, la part de faveurs qui doit nous revenir. » Et là-dessus, il se mit à pleurer. »


CHAPITRE XXVII.
--- Du cas où il n’y a qu’un seul vêtement pour ensevelir le mort.

1.
D’après Ibrâhim,  un jour qu’on lui apportait son repas, ‘Abderrahmân-ben-‘Auf dit : « Mos’ab-ben-‘Omaïr a été tué. Il valait mieux que moi, et cependant il a été enseveli dans un manteau tel que, si on voulait lui couvrir la tête les pieds restaient découverts, et que, si on voulait lui couvrir les pieds, c’était la tête qui restait découverte. »
Ibrâhim ajoute : « Je crois que ‘Abderrahmân dit encore : « Hamza a été tué ; lui aussi valait mieux que moi. Pour ce qui est de nous, on nous a favorisés largement en ce monde, --- ou on nous a donné largement notre part des biens de ce monde. --- Aussi, ai-je grand peur qu’on ne nous ait accordé à l’avance la récompense de nos bonnes œuvres. » Et il se mit à pleurer au point qu’il ne toucha pas aux mets qu’on lui avait apportés. »


CHAPITRE XXVIII.
--- Quand on ne dispose que d’un linceul trop court pour couvrir à la fois la tête et les pieds du cadavre, c’est la tête qu’il faut couvrir.

1.
Khabbâb a raconté ce qui suit : « Nous émigrâmes avec le Prophète sans avoir autre chose en vue que de plaire à Dieu, et c’est à lui qu’incombait le soin de nous en récompenser (en ce monde). Certains d’entre nous moururent sans avoir rien goûté de virent mûrir les fruits de cette récompense et purent les cueillir. Mos’ab fut tué à la bataille de Ohod. Pour l’ensevelir, nous ne trouvâmes rien qu’un manteau, si court que si l’on en couvrait sa tête, ses pieds restaient à découvert, et que si l’on en couvrait ses pieds, sa tête restait à découvert. Alors le Prophète donna l’ordre de couvrir la tête du défunt et de placer sur ses pieds de l’idzkhir (c’est la plante appelée « shoenanthe » ; une sorte de jonc.).


CHAPITRE XXIX.
--- Du vivant du Prophète, un musulman ayant eu l’idée de se préparer un linceul, le Prophète n’y trouva rien à redire.

1.
D’après Sahl, une femme apporta au Prophète un manteau tissé avec sa bordure. « Savez-vous, demanda-t-elle à l’assistance, ce que c’est qu’une borda (manteau) ? --- C’est, lui répondit-on une chamla (une chose qui enveloppe). » Et comme le Prophète disait : oui, la femme lui répliqua : « Je l’ai tissé de mes mains et je suis venue pour t’en revêtir. » Le Prophète, qui avait un besoin de ce vêtement, le prit, et s’en drapant comme d’un izâr il vint nous trouver. Quelqu’un ayant trouvé ce vêtement à son goût dit au Prophète : « Ah ! qu’il est beau, fais m’en présent. » Les fidèles dirent alors à cet homme : « Ce n’est pas bien ce que tu fais là ; le Prophète l’avait revêtu parce qu’il en avait besoin, et toi, tu vas le lui demander alors que tu sais bien qu’il ne refuse jamais rien ! » --- « Je n’ai pas l’intention de m’en revêtir, répondit l’homme ; en le demandant au Prophète mon seul but était d’en faire mon linceul. »
Et, ajoute Sahl, ce manteau lui servit en effet de linceul.


CHAPITRE XXX.
--- De la présence des femmes aux convois funèbres.

1.
Omm-‘Atiyya a dit : « On nous défendit de suivre les convois funèbres, mais pas d’une façon formelle. »


CHAPITRE XXXI.
--- Du deuil que prend la femme pour d’autres que son mari.

1.
Mohammed-ben-Sîrîn a dit : « Omm-‘Atiyya avait perdu un fils. Le troisième jour après la mort de son enfant, elle demanda un parfum de couleur jaune et s’en oignit en disant : « On nous a interdit de porter le deuil plus de trois jours, à moins qu’il ne s’agît de la perte d’un mari. »

2.
Zaïnab-bent-Abou-Salama a dit : « On avait apporté de Syrie la nouvelle de la mort d’Abou-Sofyân. Le troisième jour, Omm-Habîba demanda un parfum de couleur jaune et s’en oignit les joues et les bras. « Voilà, dit-elle ensuite, une chose dont je me serais bien passée si je n’avais entendu dire au Prophète : Il n’est pas permis à une femme qui croit en Dieu et au jour du jugement dernier porter le deuil d’un mort plus de trois jours. Toutefois, lorsqu’elle aura perdu son mari, elle gardera le deuil quatre mois et dix jours. »

3.
Zaïnab-bent-Abou-Salama a dit : « Comme j’étais chez Omm-Habîba, la femme du Prophète, celle-ci me dit : « J’ai entendu l’Envoyé de Dieu s’exprimer en ces termes : Une femme qui croit en Dieu et au jour du jugement dernier ne doit pas porter le deuil d’un mort plus de trois jours. Toutefois, si c’est son mari qu’elle a perdu, elle gardera le deuil quatre mois et dix jours. »
« Plus tard, étant entrée chez Zaïnab-bent-Djaheh, au moment où elle venait de perdre son frère, je la vis se faire apporter des parfums et s’en oindre. « Certes, dit-elle ensuite, je n’ai nul besoin de parfums, mais j’ai entendu l’Envoyé de Dieu dire du haut de la chaire : Il n’est pas permis à une femme qui croit en Dieu et au jour du Jugement dernier de porter le deuil d’un mort plus de trois jours. Toutefois, si c’est son mari qu’elle a perdu, elle gardera le deuil quatre mois et dix jours. »


CHAPITRE XXXII.
--- De la visite des tombes.

1.
Anas-ben-Mâlik a dit : « Un jour, le Prophète passa auprès d’une femme qui pleurait sur une tombe : « Crains Dieu, s’écria-t-il, et résigne-toi. --- Eloigne-toi de moi, répliqua-t-elle, car tu n’as jamais été frappé d’un malheur tel que celui qui me frappe. » On apprit à cette femme que son interlocuteur était le Prophète. Aussitôt elle se rendit à la porte du Prophète et, n’y trouvant pas de portier, elle entra et dit : « Je ne savais pas qui tu étais. --- La (vraie) résignation, se contenta-t-il de répondre, consiste uniquement à supporter le premier chox (c’est-à-dire qu’on se console avec le temps, mais qu’il n’y a vraiment résignation qu’au premier moment.). »


CHAPITRE XXXIII.
--- De ces paroles du Prophète : Le mort sera châtié pour partie des lamentations (excessives) auxquelles se livrera sa famille si lui-même avait (de son vivant) l’habitude de se lamenter de cette façon. Car il est dit dans le Coran : « Redoutez le feu (éternel) pour vous-même et pour vos familles » (sourate LVII, verset 6). – Le Prophète a dit : « Chacun de vous est un pasteur et il lui sera demandé compte de son troupeau. » -- Mais lorsque le défunt n’a pas eu l’habitude des lamentations exagérées, sa situation sera celle qu’indique ‘Âïcha par ces mots du Coran : « Aucune âme chargée de son fardeau n’aura à porter le fardeau d’autrui. » (sourate XXXV, verset 19). – C’est dans le même sens que le Coran ajoute : « Si une âme surchargée implore pour qu’on allège son fardeau, Dieu ne l’allègera en rien » (sourate XXXV, verset 19). – Dans quelle mesure tolère-t-on les pleurs en dehors des lamentations (consacrés). – Le Prophète a dit : « Aucune personne ne sera tuée injustement sans que la responsabilité en remonte au premier fils d’Adam, parce que c’est lui qui, le premier, a imaginé la pratique du meurtre. »

1.
Osâma-ben-Zaïd a dit : « La fille du Prophète fit tenir à son père le message suivant : « Un de nos fils est à la mort, viens chez nous. » Le Prophète fit répondre qu’il adressait le salut, mais que tout ce que prenait Dieu et tout ce qu’il donnait lui appartenait ; que chacun avait son terme fixé par Dieu, qu’elle devait donc se résigner, et que Dieu lui en tiendrait compte. Elle dépêcha de nouveau quelqu’un à son père, l’adjurant de venir chez elle. Alors, accompagné de Sa’d-ben-‘Obâda, de Mo’adz-ben-Djabal, d’Obayy-ben-Ka’b, de Zaïd-ben-Tsâbit et d’autres personnes encore, le Prophète se mit en route. Comme on soulevait vers lui l’enfant dont la poitrine râlait, --- je crois, ajoute un rawi, que Osâma se servit de ces mots : avec le bruit d’une outre, --- l’Envoyé de Dieu répandit des larmes : « Ô Envoyé de Dieu, lui dit alors Sa’d, pourquoi cela ? --- Cela, répondit le Prophète, c’est l’effet de la pitié que Dieu a placée dans le cœur de ses adorateurs. Dieu n’a de la pitié que pour ceux de ses adorateurs qui sont compatissants. »

2.
Anas-ben-Mâlik a dit : « Nous assistâmes aux funérailles d’une des filles du Prophète (Omm-Keltsoum, la femme d’’Otsmân). L’Envoyé de Dieu était assis près de la tombe et je vis des larmes couler de ses yeux. « Y a-t-il quelqu’un parmi vous, demanda-t-il, qui n’ait point fait œuvre de chair la nuit dernière ? --- Moi, répondit Abou-Talha. --- Alors descends, reprit le Prophète. » Et Abou-Talha descendit dans la fosse. »

3.
‘Abdallah-ben-‘Obaïdallah-ben-Abou-Molaïka a dit : « Une fille de ‘Otsmân étant morte à la Mecque, nous vînmes pour assister à ses funérailles. Ibn-‘Omar était là, ainsi que Ibn-‘Abbâs, et j’étais assis entre eux deux, --- ou je m’assis près de l’un d’eux et l’autre vint prendre place à mon côté. --- Alors ‘Abdallah-ben-‘Omar dit à ‘Amr-ben-‘Otsmâ, : « Ne vas-tu pas défendre (aux femmes) de pleurer ? Car l’Envoyé de Dieu a dit que le mort sera châtié pour les lamentations (excessives) auxquelles se livrera sa famille. » --- « ‘Omar a, en effet, dit quelque chose de cela, dit Ibn-‘Abbâs, qui raconta alors ce qui suit : J’étais parti de la Mecque avec ‘Omar. Arrivés à El-Baïda, nous aperçûmes un groupe de gens montés arrêtés à l’ombre d’un mimosa. « Va donc voir qui sont ces gens, me dit ‘Omar. » Je vis bientôt que c’était Sohaïb et en rapportai la nouvelle à ‘Omar, qui me chargea d’aller lui dire de venir le trouver. Retournant alors vers Sohaïb, je lui dis : Allons ! en route pour rejoindre le Prince des Croyants. »
« Plus tard, lorsque ‘Omar fut mortellement frappé, Sohaïb entra en pleurant et en criant : « Ah ! frère ! Ah ! ami ! --- Ô Sohaïb, est-ce pour moi que tu pleures ? demanda ‘Omar ; or l’Envoyé de Dieu a dit : Le mort sera châtié pour partie des lamentations auxquelles se livrera sa famille à cause de lui. » Après la mort de ‘Omar, je rapportai ces paroles à ‘Âïcha qui me dit : Dieu fasse miséricorde à ‘Omar ! Mais, par Dieu ! l’Envoyé de Dieu n’a pas enseigné que Dieu châtierait le croyant à cause des pleurs que verserait sur lui sa famille ; il a simplement dit que Dieu accroîtrait le châtiment du mécréant à cause des pleurs versés sur lui par sa famille. Et elle ajouta : Qu’il vous suffise de tenir compte de ces mots du Coran : « Aucune âme, chargée de son fardeau, n’aura à supporter le fardeau d’autrui » (sourate XXXV, verset 19). Et, alors, Ibn-‘Abbâs ajouta : C’est Dieu qui fait rire et qui fait pleurer. »
« Par Dieu, Dit Abou-Molaïka, à cela Ibn-‘Omar ne répliqua rien. »

4.
Abou-Mousa-‘Abdallah-ben-Qaïs a dit : « Lorsque ‘Omar eut été mortellement frappé, Sohaïb se mit à s’écrier : « Ah ! frère ! » ‘Omar lui répondit : « Ne sais-tu pas que le Prophète a dit : Le mort sera châtié à cause des lamentations du vivant. »

5.
‘Âïcha a dit : « Voici simplement ce qu’il en est : L’Envoyé de Dieu, passant près du tombeau d’une juive sur laquelle sa famille pleurait, s’écria : « Ces gens-là pleurent sur elle, et elle, elle sera sûrement châtiée dans sa tombe. »


CHAPITRE XXXIV.
--- Des gémissements qu’il ne convient pas de pousser sur le mort. – ‘Omar a dit : « Laissez les femmes pleurer sur Abou-Solaïman pourvu qu’elles ne mettent pas de poussière sur leur tête, ou qu’elles ne poussent pas de cris aigus. »

1.
El-Moghîra a dit : « J’ai entendu le Prophète prononcer ces mots : « Le fait de mentir sur mon compte n’est pas comparable au fait de mentir sur autrui. Quiconque, de propos délibéré, mentira à mon sujet, ira prendre place en enfer. Je lui ai encore entendu dire : « Tout mort sur lequel on pousse des gémissements sera châtié en raison de ces gémissements. »

2.
D’après ‘Omar, le Prophète a dit : « Le mort sera châtié dans sa tombe en raison des gémissements qu’on pousse sur lui. »


CHAPITRE XXXV.

1.
Djâbir-ben-‘Abdallah a dit : « Le jour de Ohod, on apporta le cadavre de mon père qui avait été mutilé, et on le plaça devant l’Envoyé de Dieu. On l’avait couvert d’un vêtement et je voulus m’en approcher pour le découvrir. A deux reprises mes parents m’en empêchèrent. L’Envoyé de Dieu venait de donner l’ordre d’emporter le cadavre, lorsqu’il entendit la voix d’une femme poussant des cris : « Qui est-ce qui crie ? demanda-t-il. --- C’est, lui répondit-on, la fille de ‘Amr --- ou la sœur de ‘Amr. --- Pourquoi pleure-t-elle ? --- ou, qu’elle ne pleure pas ! --- reprit-il ; puisque les anges n’ont pas cessé un instant d’ombrager ce corps de leurs ailes jusqu’au moment où on l’a porté en terre. »


CHAPITRE XXXVI.
--- Ils ne sont pas des nôtres ceux qui déchirent les encolures de leurs vêtements.

1.
‘Abdallah a dit : « Le Prophète s’est exprimé ainsi : « Ils ne sont pas des nôtres ceux qui se frappent les joues, qui déchirent les encolures de leurs vêtements et qui profèrent des invocations de l’époque antéislamique. »


CHAPITRE XXXVII.
--- De la plainte funèbre que fit le Prophète de Sa’d-ben-Khawla.

1.
Abou-Waqqâs a dit : « L’année du pèlerinage d’adieu, je tombai gravement malade. L’Envoyé de Dieu étant venu me voir, je lui dis : « Je suis au plus mal ; j’ai de la fortune et n’ai d’autre héritier qu’une fille. Puis-je disposer en aumônes des deux tiers de mes biens ? --- Non, répondit-il. --- Et de la moitié ? --- Non, répliqua-t-il. Tu peux disposer du tiers et le tiers c’est beaucoup --- ou une grosse part. --- Il vaut mieux laisser tes héritiers riches que de les laisser pauvres tendant les mains au prochain pour mendier. Aucune dépense que tu auras faite (pour les tiens), si tu as eu en vue la face de Dieu, ne restera sans récompense, même la simple bouchée que tu mets dans la bouche de ta femme. » --- Ô Envoyé de Dieu, demandai-je alors, serai-je laissé (c’est-à-dire « à la Mecque », ou, en d’autres termes ; « dois-je mourir à la Mecque, moi qui ai été un de ceux qui en ont émigré, et perdrai-je ainsi le titre de mohâdjir, et les faveurs attachées à ce titre ? ») après mes compagnons ? --- Tu ne seras pas laissé sans que toute bonne œuvre que tu accompliras ne te fasse obtenir une place plus belle et plus haute. D’ailleurs, au cas où tu serais laissé ce serait pour l’avantage de certains et pour le détriment de certains autres. Ô mon Dieu ! Fais que l’hégire de mes compagnons soit définitive et ne les ramène point sur leurs pas. » Toutefois, l’Envoyé de Dieu plaint l’infortuné Sa’d-ben-Khawla de mourir à la Mecque. »


CHAPITRE XXXVIII.
--- De la défense de se raser les cheveux lorsqu’un malheur vous frappe. – Abou-Borda-ben-Abou-Mousa a dit : « Abou-Mousa, à la suite d’une indisposition, s’évanouit au moment où sa tête reposait sur le giron d’une de ses femmes ; il ne pu donc alors réprimer les cris de cette femme, mais, lorsqu’il revint à lui, il dit : « Je désavoue celles que l’Envoyé de Dieu a désavouées : or l’Envoyé de Dieu a désavoué la femme qui, en signe de deuil, crie, se rase la tête ou déchire ses vêtements. »


CHAPITRE XXXIX. --- Ils ne sont pas des nôtres ceux qui se frappent les joues.

1.
‘Abdallah a dit : L’Envoyé de Dieu s’est exprimé en ces termes : « Ils ne sont pas des nôtres ceux qui se frappent les joues, qui déchirent les encolures de leurs vêtements et qui profèrent des invocations de l’époque antéislamique. »


CHAPITRE XL.
--- De l’interdiction, quand un malheur vous frappe, de pousser le cri : « Wa-Wallah », et de proférer des invocations de l’époque antéislamique.

1.
‘Abdallah a dit que le Prophète s’est exprimé ainsi : « Ils ne sont point des nôtres ceux qui meurtrissent leurs joues, qui déchirent les encolures de leurs vêtements ou qui profèrent des invocations de l’époque antéislamique. »


CHAPITRE XLI.
--- De celui qui, frappé par un malheur, s’assied faisant ainsi connaître son chagrin.

1.
‘Âïcha a dit : « Quand le Prophète apprit que Ibn-Hâritsa, Dja’far et Ibn-Rawâha avaient été tués, il s’assit pour marquer son chagrin. Comme je regardais par le sâïr, c’est-à-dire la fente de la porte, un homme vint trouver le Prophète et lui dit : « Oh ! les femmes de la maison de Dja’far ! » et il raconta leurs lamentations. Le Prophète lui donna l’ordre d’aller les faire taire. L’homme partit, puis revint pour la deuxième fois dire qu’elles ne lui avaient pas obéi. « Fais-les taire, répliqua le Prophète. » Pour la troisième fois l’homme revint en disant : « Par Dieu ! ô Envoyé de Dieu, elles sont plus fortes que nous. »
‘Âïcha a prétendu que le Prophète répartit alors : « Fourre-leur de la terre dans la bouche » et moi, ajouta-t-elle, je dis à l’homme : « Dieu te mette le nez dans la terre ! Tu n’a pas fait ce qu’on t’avait ordonné de faire et tu n’as pas débarrassé l’Envoyé de Dieu de son souci. »

2.
Anas-ben-Mâlik a dit : « L’Envoyé de Dieu resta un mois dans la retraite à l’époque où furent tués les lecteurs du Coran, et jamais je ne l’ai vu éprouver une plus vive affliction. »


CHAPITRE XLII.
--- De ceux qui ne laissent point paraître leur tristesse quand un malheur les frappe. – Jacob a dit : « C’est à Dieu que je me plains dans mon angoisse et dans mon affliction. »

1.
Anas-ben-Mâlik a dit : « Un fils de Abou-Talha tomba malade, puis mourut pendant une absence de son père. Aussitôt qu’elle eut vu l’enfant rendre le dernier soupir, la femme de Abou-Talha prépara le repas et le plaça dans un coin de la maison. Quand Abou-Talha revint, il demanda à sa femme comment allait l’enfant. « Il est calme maintenant, répondit-elle, et j’espère qu’il goûtera dorénavant le repos. » Abou-Talha, pendant qu’il devait prendre à la lettre les paroles de sa femme, alla se coucher. Le lendemain matin, après s’être lavé, il se disposait à sortir, quand sa femme lui apprit que l’enfant était mort. Abou-Talha fit la prière avec le Prophète et lui annonça le malheur qui venait de les frapper sa femme et lui. « Espérons, lui répondit l’Envoyé de Dieu, que Dieu bénira pour vous deux la nuit prochaine. » Et, d’après Sofyân, un homme des Ansar a dit : « J’ai vu neuf enfants de la femme de Abou-Talha et tous savaient le Coran. »


CHAPITRE XLIII. --- La (vraie) résignation se manifeste au premier choc de la douleur. – ‘Omar a dit : « Qu’elles seront magnifiques les deux charges qui se font contrepoids et aussi celle qui sera placée par dessus ! Pour récompenser ceux qui, lorsqu’un malheur les frappe s’écrient : Nous sommes à Dieu et c’est vers lui que nous retournerons. C’est sur ceux-là que s’étendront les bénédictions du Seigneur et sa miséricorde ; ceux-là sont dans la bonne voie. » (sourate II, verset 151, 152). – De ces mots du Coran : « Appelez à votre aide la résignation et la prière ; la prière est certes une chose lourde, mais non pour ceux qui s’humilient » (sourate II, verset 42).

1.
Anas rapporte que le Prophète a dit : « La (vraie) résignation est celle qui se manifeste au premier choc ».


CHAPITRE XLIV.
--- De ces paroles du Prophète : « Nous avons de l’affliction à ton sujet. » -- Ibn-‘Omar a rapporté ces mots du Prophète : « Les yeux pleurent et le cœur est triste. »

1.
Anas-ben-Mâlik a dit : « Nous entrâmes avec l’Envoyé de Dieu chez Abou-Saïf, le forgeron, père nourricier de Ibrâhîm ; Mohammed prit Ibrâhîm, l’embrassa et le flaira. Plus tard nous entrâmes encore chez Abou-Saïf au moment où Ibrâhîm rendait le dernier soupir. Les yeux du Prophète se mirent à répandre des larmes, et comme ‘Abderrahman-ben-‘Auf lui disait : « Toi aussi, ô Envoyé de Dieu ! » il répondit : « Ô Ibn-‘Auf, c’est un effet de compassion. » Puis, ses larmes se remettant à couler, il ajouta : « Les yeux pleurent et le cœur est triste ; mais nous ne disons rien qui ne puisse être agréable au Seigneur. Ô Ibrâhîm, nous sommes affligés d’être séparés de toi. »


CHAPITRE XLV.
--- Du fait de verser des pleurs auprès d’un malade.

1.
‘Abdallah-ben-‘Omar a dit : « Sa’d-ben-‘Obâda était malade. Le Prophète vint lui rendre visite accompagné de ‘Abderrahman-ben-‘Auf, de Sa’d-ben-Abou-Waqqâs et de ‘Abdallah-ben-Mas’oud. Lorsqu’il entra il vit Ibn-‘Obâda entouré de toute sa famille. « Tout est-il donc fini ? demanda-t-il. --- Non, ô Envoyé de Dieu, lui répondit-on. » Alors le Prophète se mit à pleurer, ce que voyant les assistants, tous se mirent aussi à pleurer. Ensuite il reprit : « Vous entendez bien ? Dieu ne châtira pas ni pour les larmes que versent les yeux, ni pour la tristesse du cœur. Mais il châtiera ou sera indulgent suivant l’usage que l’on aura fait de ceci --- et ce disant il désignait la langue. --- Le mort sera également châtié pour les larmes que sa famille versera sur lui. »
‘Omar frappait à coups de bâton ceux qui pleuraient ; il leur jetait des pierres et leur fourrait de la terre dans la bouche.


CHAPITRE XLVI.
--- De l’interdiction des gémissements et des pleurs et de la répression de ces actes.

1.
‘Âïcha a dit : « Quand le Prophète apprit que Zaïd-ben-Hâritsa, Dja’far et ‘Abdallah-ben-Rawâha avaient été tués, il s’assit pour marquer son chagrin. Comme je regardais par la fente de la porte, un homme vint trouver le Prophète et lui dit : « Ah ! les femmes de Dja’far ! ô Envoyé de Dieu ! » et il raconta leurs lamentations. Le Prophète lui donna l’ordre d’aller les faire taire. L’homme partit, puis revint et dit : « Je leur ai défendu de pleurer, mais elles ne m’ont pas obéi. » Pour la deuxième fois le Prophète lui enjoignit d’aller les faire taire. L’homme partit et revint en disant : « Par Dieu ! elles sont plus fortes que moi --- ou que nous. »
‘Âïcha a prétendu que l’Envoyé de Dieu répartit alors : « Fourre-leur de la terre dans la bouche », et moi, ajouta-t-elle, je dis à l’homme : « Dieu te mette le nez dans la terre ! Tu n’as pas su agir et tu n’as pas débarrassé l’Envoyé de Dieu de son souci. »

2.
Omm-‘Atiyya a dit : « Lorsque nous prêtâmes serment au Prophète, il nous fit jurer de ne point pousser de gémissements. Mais il n’y eut que cinq femmes, parmi nous, qui tinrent leur engagement : Omm-Solaïm, Omm-El-‘Alâ, la fille de Abou-Sabra, le femme de Mo’âdz et deux autres femmes --- ou (peut-être a-t-elle dit), la fille d’Abou-Sabra, la femme de Mo’âdz et une autre femme. »

                                     
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Titre 1 :
De la révélation à son début.
Titre 2 :
De la foi     
Titre 3 :
De la science.
Titre 4 :
Des ablutions
Titre 5 :
De la lotion.
Titre 6 :
Des menstrues.
Titre 7 :
De la lustration
Titre 8 :
De la prière.
Titre 9 :
Des heures fixées pour la prière.
Titre 10 :
De l'appel à la prière.   
Titre 11 :
Du vendredi.
Titre 12 :
De la prière en cas de danger.
Titre 13 :
Des deux fêtes.
Titre 14 :
De la rika' impaire.
Titre 15 :
Des rogations.
Titre 16 :
Des éclipses.
Titre 17 :
De la prosternation (pendant
 la récitation du Coran.)
Titre 18 :
De l'abrègement de la prière.
Titre 19 :
De la prière nocturne.
Titre 20 :
De la supériorité de la prière (faite) dans la mosquée de la Mecque et dans celle de Médine.
Titre 21 :
Des catégories d'actes permis pendant la prière.
Titre 22 :
Des distractions dans la prière.
Titre 23 :
Des funérailles.
Titre 24 :
De la dîme.
Titre 25 :
Du pèlerinage.
Titre 26 :
De la visite pieuse.
Titre 27 :
Du pèlerin empêché.
Titre 28 :
De l'expiation du délit de chasse et
d'autres choses analogues.
Titre 29 :
Des mérites de Médine.
Titre 30 :
Du jeûne.
Titre 31 :
De la prière (en commun) pendant
les nuits de Ramadan.
Titre 32 :
De l'excellence de la nuit du destin.
Titre 33 :
 De la retraite spirituelle.
 



 

 

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