Sahih Al Boukhari
 

 

 
 

TITRE 28

 DE L'EXPIATION DU DELIT DE CHASSE ET D'AUTRES CHOSES ANALOGUES

CHAPITRE PREMIER. - De ces mots du Coran : "...Ne tuez pas de gibier pendant que vous êtes en ihrâm. Celui d'entre vous qui en tuera intentionnellement devra en expiation d'un animal de la valeur de ce qu'il aura tué. La sentence sera prononcée par deux personnes honorables prises parmi vous et l'animal sera offert en holocauste à la Ka'ba. La compensation pourra consister en nourriture donnée aux pauvres ou en un jeûne équivalent, car il faut que le coupable goûte le fruit de son méfait. Dieu pardonne pour ce qui est passé, mais quiconque recommencera, Dieu en tirera vengeance. Dieu est puissant ; Il est Maître de la vengeance." - "Il vous est licite de pêcher, de vous nourrir de la chair du poisson soit chez vous, soit en voyage, mais il vous est interdit de chasser, tant que vous êtes en ihrâm. Craignez Dieu vers qui vous serez rassemblés (un jour)." (sourate V, verset 96 et 97).

 

CHAPITRE II. - Si quelqu'un qui n'est pas en ihrâm chasse et offre son gibier à celui qui est en ihrâm, ce dernier peut manger ce gibier. - Ibn 'Abbâs et Anas ne voyaient aucun mal à ce que celui qui est en ihrâm égorgeât un animal autre qu'une pièce de gibier, par exemple un chameau, un mouton, un boeuf, une poule, un cheval. - (Explication du mot عَدل  qui peut se lire  عِدل dans le sens d'"équivalent". قيلم a le même sens que قوام. Le verbe عدل s'emploie dans le sens de "donner un équivalent".

1. 'Abdallah ben Abou Qâtada a dit : "L'année de El Hodaïbiyya mon père partit. Ses compagnons se mirent en ihrâm, mais lui ne le fit pas. On rapporta au Prophète que l'ennemi l'attaquerait ; néanmoins il partit aussi. Pendant que j'étais avec mes compagnons, dit Abou Qatâda, ils se regardèrent en riant ; j'aperçus alors un âne sauvage ; je fondis sur lui, le transperçai et l'abattis sur place, puis (pour le porter) j'appelai à mon aide mes compagnons qui refusèrent de m'aider. Nous mangeâmes de la chair de l'animal ; ensuite, craignant d'être séparé des nôtres, je me mis à la recherche du Prophète, tantôt forçant l'allure de mon cheval, tantôt allant au pas. Au milieu de la nuit, je rencontrai un homme des Benou Ghifâr et lui dit : "Où as-tu laissé le Prophète ? - A Ta'hin, me répondit-il, et il allait faire la sieste à Es Soqyâ." (Quand je l'eus rejoint) je dis : "Ô Envoyé de Dieu, tes gens t'envoient le salut et la miséricorde de Dieu ; ils craignaient d'être séparés de toi ; attends-les." Puis j'ajoutai : "Ô Envoyé de Dieu, j'ai tué un âne sauvage et il m'en reste un quartier." S'adressant à ses gens, qui étaient en ihrâm, le Prophète leur dit : "Mangez-en."

 

CHAPITRE III. - Du cas où les gens en ihrâm, voyant une pièce de gibier, se mettent à rire et donnent ainsi l'éveil à un homme qui n'est pas en ihrâm.

1. Abou Qatâda a dit : "Nous partîmes avec le Prophète l'année de El Hodaïbiyya ; ses compagnons prirent l'ihrâm, mais moi je ne le pris pas. Comme on nous avait informé qu'un groupe d'ennemis était à Ghaïqa, nous marchâmes dans cette direction. Mes compagnons ayant aperçu un âne sauvage se mirent à rire entre eux et alors je regardai et vis l'animal. Je lançai mon cheval sur cet âne sauvage ; je le transperçai et l'abattis sur place ; puis j'appelai à mon aide mes compagnons (pour le porte) ; ils refusèrent de m'aider. Nous mangeâmes de la chair de cet animal et j'allai rejoindre le Prophète, car nous craignions d'en être séparés. Tantôt je forçais l'allure de mon cheval, tantôt j'allais au pas ; enfin au milieu de la nuit je rencontrai un homme de Benou Ghifâr et lui dis : "Où as-tu laissé le Prophète ? - A Ta'hin, me répondit-il, et il allait faire la sieste à Es Soqyâ." Je continuai ma recherche jusqu'à ce que j'eus rejoint l'Envoyé de Dieu : "Ô Envoyé de Dieu, lui dis-je, tes compagnons t'envoient le salut et la miséricorde de Dieu. Ils craignent d'être séparés de toi par l'ennemi ; attends-les." Il attendit en effet, puis je lui dis : "Ô Envoyé de Dieu, nous avons tué à la chasse un âne sauvage et il nous en reste un quartier." Alors s'adressant à ses compagnons qui étaient en ihrâm, l'Envoyé de Dieu leur dit : "Mangez-en".

 

CHAPITRE IV. - Celui qui est en ihrâm ne doit pas aider celui qui n'y est pas à tuer une pièce de gibier.

1. Suivant des isnâd différents, Abou Qatâda a dit : "Nous étions à El Qâha avec le Prophète, certains d'entre nous en ihrâm, les autres non. Je remarquai que mes compagnons se montraient quelque chose l'un à l'autre. Je regardai et j'aperçus un âne sauvage. Mon fouet étant tombé, (je demandai qu'on me le ramassât). Mes compagnons me dirent : "Nous ne t'aiderons pas en quoi que ce soit parce que nous sommes en ihrâm." Je rattrapai mon fouet, puis j'allai vers l'âne sauvage en me cachant derrière des blocs de pierre, je l'atteignis et lui coupai les jarrets ; puis je l'apportai à mes compagnons. Les uns disaient : "Mangez-en" ; les autres : "n'en mangez pas." Alors, j'allai trouver le Prophète qui était en avant de nous et lui posai la question : "Mangez-en, répondit-il, c'est licite."
Sofyân, un des traditionnistes, ajoute : "'Amr nous dit : "Allez trouver Sâlih et interrogez-le sur ce cas d'autres points ; or Sâlih vint nous trouver ici (à la Mecque)."

 

CHAPITRE V. - Celui qui est en ihrâm ne doit pas montrer un gibier afin que celui qui n'est pas en ihrâm aille le chasser.

1. Abou Qatâda rapporte que l'Envoyé de Dieu partit pour le pèlerinage et que lui et ses compagnons partirent en même temps. Un certain nombre de ces derniers, parmi lesquels se trouvait Abou Qatâda, s'étant mis en route, le Prophète leur dit : "Prenez par le bord de la mer et suivez-le jusqu'à ce que nous nous rencontrions." Ils prirent donc le chemin du bord de la mer. Une fois en route, tous prirent l'ihrâm, à l'exception de Abou Qatâda qui ne le prit point. Pendant qu'ils étaient en route, ils virent des ânes sauvages ; Abou Qatâda fondit sur ces ânes et abattit une femelle qu'il rapporta. On descendit alors des montures et on mangea de la chair de cet animal. Certains dirent : "Devions-nous manger de la chair d'un gibier alors que nous sommes en ihrâm ?" Nous emportâmes ce qui restait de la chair de cette ânesse et, arrivés auprès de l'Envoyé de Dieu, on lui dit : "Ô Envoyé de Dieu, nous sommes en ihrâm, mais Abou Qatâda n'a pas pris l'ihrâm. En route, nous avons vu des ânes sauvages ; Abou Qatâda a fondu sur eux et a tué une ânesse. Nous descendîmes alors de nos montures et mangeâmes de la chair de cet animal, puis nous nous sommes demandé si nous devions manger de la viande de gibier pendant que nous étions en ihrâm et alors nous avons apporté ce qui restait de la chair de l'ânesse." Alors le Prophète dit : "L'un de vous a-t-il donné l'ordre d'attaquer l'animal ou l'a-t-il montré d'un geste ? - Non, répondirent-ils. - Eh bien, reprit-il, mangez ce qui reste de la chair de l'ânesse !"

 

CHAPITRE VI. - Quand on offre un âne sauvage vivant à quelqu'un qui est en ihrâm, il ne doit pas l'accepter.

1. Ibn 'Abbâs rapporte que Es Sa'b ben Djattsâma El Laïtsi offrit à l'Envoyé de Dieu un âne sauvage. Le Prophète, qui était alors à El Abwâ ou à Oueddân (El Abwâ est le nom d'une montagne et Oueddân celui d'un bourg, tous deux situés entre la Mecque et Médine.), le refusa ; puis, voyant la figure que faisait Es Sa'b, il lui dit : "Ce n'est pas parce que c'est toi que je refuse, c'est parce que je suis en ihrâm."

 

CHAPITRE VII. - Des animaux que peut tuer celui qui est en ihrâm.

1. Avec des isnâd différents et quelques variantes. Selon 'Abdallah ben 'Omar, une des femmes du Prophète (Hafsa) a rapporté que l'Envoyé de Dieu a dit : "Il y a cinq animaux que celui qui est en ihrâm peut tuer sans commettre de faute : le corbeau, l'épervier, le rat, le scorpion et tout fauve carnassier."

2. D'après 'Aïcha, l'Envoyé de Dieu a dit : "Il y a cinq animaux, tous nuisibles, que celui qui est en ihrâm peut tuer : le corbeau, l'épervier, le rat, le scorpion et tout fauve carnassier."

3. 'Abdallah a dit : "Pendant que nous étions dans une grotte à Mina avec le Prophète, il eut la révélation de la sourate de El Morsalât (LXXVII). Il me la récita et je la recueillis de sa bouche. Sa bouche était encore frémissante de ses paroles lorsqu'un serpent s'élança sur nous. Le Prophète nous cria : "Tuez-le !" Nous nous précipitâmes, mais le serpent s'enfuit. Alors le Prophète de dire : "Il a évité le mal que vous vouliez lui faire comme vous avez évité celui qu'il voulait vous faire."

4. Selon 'Aïcha, la femme du Prophète, l'Envoyé de Dieu, parlant du lézard, aurait dit que c'était une petite bête nuisible, mais elle ne lui avait pas entendu donner l'ordre de le tuer.
El Bokhari ajoute : "En rapportant ceci nous avons voulu seulement montrer que Mina est sur le territoire sacré et qu'on ne voyait aucun mal à y tuer des serpents."

 

CHAPITRE VIII. - On ne doit pas couper les arbres du territoire sacré. D'après Ibn 'Abbâs, le Prophète a interdit d'en couper les épines.

1. Abou Choraïh El 'Adawi rapporte que, s'adressant à 'Amr ben Sa'îd qui envoyait des troupes à la Mecque, il lui dit : "Ô prince, veux-tu me permettre de te rapporter des paroles prononcées par l'Envoyé de Dieu le lendemain de la conquête de la Mecque. Mes oreilles ont entendu ces paroles ; mon coeur les a gardées et mes yeux ont vu le Prophète au moment où il les prononçait. Il loua Dieu, le glorifia et dit ensuite : "C'est Dieu qui a rendu sacrée la Mecque ; ce ne sont point les hommes qui lui ont donné ce caract-re. Il n'est donc pas permis à un homme qui croit en Dieu et au Jugement dernier d'y répandre le sang, ni d'y couper des arbres.
"Si quelqu'un s'autorisait du combat livré par l'Envoyé de Dieu, dites-lui : Dieu avait donné une permission spéciale à l'Envoyé de Dieu, et il ne vous l'a pas accordée. Dieu m'a seulement permis d'y combattre un instant pendant un seul jour. Mais maintenant le caractère sacré de la Mecque est redevenu ce qu'il était hier. Que ceux qui sont ici présents l'apprennent à ceux qui sont absents."
Comme on demandait à Abou Choraïh ce que lui avait répondu 'Amr, il dit, voici ce que répondit 'Amr : "Ô Abou Choraïh, je sais tout cela mieux que toi. Le territoire sacré ne doit pas donner asile à un rebelle, ni à celui qui fuit après avoir versé le sang ou après avoir commis quelque crime." - El Bokhari explique le mot خربة par "malheur" (crime).

 

CHAPITRE IX. - On ne doit pas faire fuir le gibier sur le territoire sacré.

1. D'après Ibn 'Abbâs, le Prophète a dit : "C'est Dieu qui a rendu la Mecque sacrée. Elle n'a jamais cessé de l'être avant mois ; elle ne cessera jamais de l'être après moi. Elle n'a cessé d'avoir ce caractère pour moi qu'un instant et un seul jour. Qu'on n'arrache pas les herbes qui y poussent, qu'on ne coupe pas ses arbres, qu'on ne fasse pas fuir son gibier, et qu'on n'y ramasse pas les objets trouvés si ce n'est pour les faire reconnaître à leurs propriétaires. - Ô Envoyé de Dieu, dit alors El 'Abbâs, excepté l'idzkhir pour nos bijoux et pour nos tombeaux ? - Excepté l'idzkhir, répliqua-t-il."
'Ikrima a dit : "Savez-vous en quoi consiste le fait de faire fuir le gibier ? C'est de le faire partir d'un endroit ombragé pour prendre sa place."

 

CHAPITRE X. - Il n'est pas permis de livrer combat à la Mecque. - Abou Choraïh a dit, d'après le Prophète : "On n'y doit pas répandre le sang."

1. D'après Ibn 'Abbâs, le jour de la prise de la Mecque, le Prophète a dit : "Vous n'êtes point tenus d'émigrer, mais vous devez faire la guerre sainte et être animés des meilleurs sentiments. Si on vous demande de quitter cette ville, quittez-la. Certes c'est une ville que Dieu a rendu sacrée, le jour où il a créé les cieux et la terre. Ce territoire restera sacré en l'honneur de Dieu jusqu'au jour de la Résurrection. Il n'a été permis à personne d'y livrer combat avant moi et cette autorisation n'a duré qu'un instant et un seul jour.
Ce territoire restera sacré en l'honneur de Dieu jusqu'au jour de la Résurrection.
On ne doit pas couper ses épines, ni mettre en fuite son gibier, ni ramasser les objets perdus à moins que ce ne soit pour les faire reconnaître à leurs propriétaires. On n'y arrachera aucune herbe, sauf l'idzkhir qui sert à vos bijoutiers et à vos demeures. Excepté l'idzkhir, répéta-t-il."

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Titre 1 :
De la révélation à son début.
Titre 2 :
De la foi     
Titre 3 :
De la science.
Titre 4 :
Des ablutions
Titre 5 :
De la lotion.
Titre 6 :
Des menstrues.
Titre 7 :
De la lustration
Titre 8 :
De la prière.
Titre 9 :
Des heures fixées pour la prière.
Titre 10 :
De l'appel à la prière.   
Titre 11 :
Du vendredi.
Titre 12 :
De la prière en cas de danger.
Titre 13 :
Des deux fêtes.
Titre 14 :
De la rika' impaire.
Titre 15 :
Des rogations.
Titre 16 :
Des éclipses.
Titre 17 :
De la prosternation (pendant
 la récitation du Coran.)
Titre 18 :
De l'abrègement de la prière.
Titre 19 :
De la prière nocturne.
Titre 20 :
De la supériorité de la prière (faite) dans la mosquée de la Mecque et dans celle de Médine.
Titre 21 :
Des catégories d'actes permis pendant la prière.
Titre 22 :
Des distractions dans la prière.
Titre 23 :
Des funérailles.
Titre 24 :
De la dîme.
Titre 25 :
Du pèlerinage.
Titre 26 :
De la visite pieuse.
Titre 27 :
Du pèlerin empêché.
Titre 28 :
De l'expiation du délit de chasse et
d'autres choses analogues.
Titre 29 :
Des mérites de Médine.
Titre 30 :
Du jeûne.
Titre 31 :
De la prière (en commun) pendant
les nuits de Ramadan.
Titre 32 :
De l'excellence de la nuit du destin.
Titre 33 :
 De la retraite spirituelle.
 



 

 

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