Sahih Al Boukhari
 

 

 
 

TITRE 23_3

DES FUNERAILLES

CHAPITRE LXXXI. --- Du polythéiste qui, au moment de mourir, dit : « Il n’y a d’autre divinité que Dieu. »

1.
El-Mosayyab a raconté ceci : « Au moment où Abou-Tâlib allait rendre l’âme, l’Envoyé de Dieu vint le voir. Auprès du moribond se trouvaient Abou-Djahl-ben-Hichâm et ‘Abdallah-ben-Abou-Omayya-ben-El-Moghîra. S’adressant à Abou-Tâlib, l’Envoyé de Dieu lui dit : « ô mon oncle, dis : Il n’y a d’autre divinité que Dieu. C’est là une phrase dont je porterai pour toi témoignage auprès de Dieu. » Aussitôt Abou-Djahl et ‘Abdallah s’écrièrent : « Ô Abou-Tâlib, vas-tu donc abandonner la foi de ‘Abdelmottalib ? » Alors l’Envoyé de Dieu ne cessa d’inviter son oncle à dire la profession de foi, tandis que les deux autres lui répétaient le même propos. Enfin, les dernières paroles que prononça Abou-Tâlib furent qu’il persistait dans la foi de ‘Abdelmottalîb, et il refusa de prononcer les mots : « Il n’y a d’autre divinité que Dieu. » « Eh ! bien, s’écria l’Envoyé de Dieu, tant que cela ne me sera pas défendu, je demanderai à Dieu qu’il te pardonne. » Ce fut à cette occasion que fut révélé le verset du Coran : « Il n’appartient pas au Prophète… » (sourate IX, verset 114).



CHAPITRE LXXXII. --- Des rameaux de palmiers plantés sur les tombes. – Boraïda-El-Aslami recommanda de plater deux branches de palmier sur sa tombe. – Ibn-‘Omar, ayant vu une tente dressée sur la tombe de ‘Abderrahman, dit au domestique : « Enlève-la, car il n’y a que ses œuvres (en ce monde) qui lui procureront de l’ombre. » -- Khâridja-ben-Zaïd a dit : « Alors que nous étions des jeunes gens, au temps de ‘Otsmân, je me souviens que le meilleur sauteur d’entre nous était cela qui franchissait d’un bond la tombe de ‘Otsmân-ben-Madz’oun. » -- ‘Otsmân-ben-Hakîm a dit : « Khâridja me prit par la main, me fit asseoir sur une tombe et me rapporta ensuite de son oncle, Yazîd-ben-Tsâbit, le propos suivant : « S’asseoir sur une tombe n’est répréhensible qu’autant qu’on y commet des impuretés. » -- Nâfi’ a dit : « Ibn-‘Omar s’asseyait sur les tombeaux. »

1.
D’après Ibn-‘Abbâs, le Prophète passa près de deux tombes dont les habitants subissaient des tourments. « Ces deux hommes, dit-il, subissent des tourments, mais ce n’est pas pour une faute grave. L’un d’eux, en urinant, ne se préservait pas du contact de son urine ; et, quant à l’autre, il colportait de méchants propos. » Cela dit, il prit une branche de palmier verte, la cassa par la moitié et planta chacun des morceaux sur une des tombes. « Pourquoi agis-tu ainsi, ô Envoyé de Dieu ? lui demanda-t-on. --- Dans l’espoir, répondit-il, qu’ils éprouveront quelque soulagement tant que ces branches ne seront pas desséchées. »



CHAPITRE LXXXIII. --- Des propos édifiants tenus auprès d’une tombe par un traditionniste, tandis que son auditoire se tient assis autour de lui.
(sourate LIV, verset 7 et sourate LXX, verset 43). – (sourate LXXXII, verset 4) – (sourate LXX,verset 43) – (sourate L, verset 41).

1.
‘Ali a dit : « Pendant que nous assistions à un enterrement à Bâqi’-El-Gharqad, le Prophète vint vers nous. Il s’assit et nous nous assîmes autour de lui. Alors, baissant la tête, il se mit à frapper le sol d’un bâton qu’il tenait à la main et dit : « Il n’est aucun de vous, ou aucune âme créée, dont la place n’ait été fixée d’avance dans le paradis ou l’enfer, ou dont la destinée heureuse ou misérable n’ait été décidée. » Un des assistants dit alors : « Dans ce cas, ô Envoyé de Dieu, ne devons-nous pas nous en tenir à ce qui nous a été prédestiné et renoncer à toute action personnelle, puisque ceux d’entre nous qui sont marqués pour être au nombre des bienheureux seront (fatalement) conduits à faire les actes des gens destinés à être bienheureux, tandis que ceux qui sont marqués pour être au nombre des réprouvés seront (fatalement) conduits à faire les actes des gens destinés à être réprouvés. » Le Prophète répondit : « A ceux qui devront être des bienheureux on rendra faciles les actes des futurs bienheureux ; à ceux qui doivent être des réprouvés, on rendra faciles les actes des futurs réprouvés. » Puis il récita ces mots du Coran : « Quant à celui qui donne, qui craint et qui ajoute foi à la plus belle parole… » (sourate XCII, versets 5 et 6). »



CHAPITRE LXXXIV. --- De ce qui est relatif au meurtrier. (mot à mot : « à celui qui tue l’âme ». Il s’agit de tout meurtrier, bien que les hadiths cités ne se rapportent qu’au suicide.)

1.
D’après Tsâbit-ben-Ed-dhahhâk, le Prophète a dit : « Celui qui, de mauvaise foi, de propos délibéré, jure par une autre religion que l’islam sera traité d’après les termes de son serment. Celui qui se sera tué avec un fer tranchant sera châtié avec ce même fer dans le feu de la Géhenne. »

2.
D’après El-Hasan, Djondob --- dont nous n’avons oublié aucune parole et dont nous n’avons pas à craindre le défaut de véracité --- nous a raconté, étant dans cette mosquée, que le Prophète a dit : « Un homme, atteint d’une blessure, s’étant tué, Dieu dit : « Ce mien serviteur a pris les devants sur moi en ce qui concerne le terme de sa vie ; il s’est ainsi fermé l’entrée du Paradis. »

3.
Abou-Horaïra rapporte que le Prophète a dit :
« Celui qui se sera étranglé lui-même continuera à s’étrangler en enfer. Celui qui se sera transpercé (d’une arme) continuera à se transpercer en enfer. »



CHAPITRE LXXXV. --- De ce qu’il a de répréhensible à faire la prière pour les hypocrites et à implorer le pardon des fautes pour les polythéistes. – Ceci a été rapporté du Prophète par Ibn-‘Omar.

1.
‘Omar-ben-El-Khattâb a dit : « Lorsque ‘Abdallah-ben-Obayy-ben-Saloul mourut, on vint demander à l’Envoyé de Dieu de faire la prière des funérailles pour le défunt. Comme l’Envoyé de Dieu s’était levé, je bondis vers lui et m’écriai : « Ô Envoyé de Dieu, vas-tu aller prier pour Ibn-Obayy après qu’il a dit, tel jour, telle chose, telle autre et telle autre encore ? » Et j’énumérai tous les méchants propos d’Ibn-Obayy. Alors, tout en souriant, l’Envoyé de Dieu me dit : « Laisse-moi donc passer, ô ‘Omar. » Puis, comme j’insistais, il ajouta : « On m’a laissé libre de choisir et j’ai choisi. Et si je savais qu’en priant plus de soixante-dix fois j’obtiendrais le pardon du défunt, je n’hésiterais pas à le faire. » L’Envoyé de Dieu alla donc prier et revint ensuite. Mais, peu de temps après cela, les deux versets de la sourate de la Rémission furent révélés : « Ne prie jamais sur aucun de ceux d’entre eux qui sont morts…, car ce sont des impies » (sourate IX, verset 85).
‘Omar ajoute : « Plus tard, je m’étonnai de la hardiesse dont j’avais fait preuve ce jour-là envers l’Envoyé de Dieu ; mais Dieu et son Envoyé en savent plus long que personne à ce sujet. »



CHAPITRE LXXXVI. --- Des éloges que les gens décernent aux morts.

1.
Anas-ben-Mâlik a dit : « Un convoi funèbre étant passé près des musulmans, ceux-ci firent l’éloge du défunt. « Il lui est assuré », s’écria le Prophète. Un autre convoi venant ensite à passer, les fidèles dirent du mal du défunt. « Il lui est assuré », répéta le Prophète. « Qu’est-ce donc qui est ainsi assuré ? demanda ‘Omar-ben-El-Khattâb. --- A celui que vous avez loué, répondit le Prophète, le paradis est assuré ; à cet autre dont vous avez dit du mal, l’enfer est également assuré ; car, sur terre, vous êtes des témoins agréés par Dieu. »

2.
Abou-‘l-Aswad a dit :
« Je vins à Médine à un moment où il y régnait une épidémie. J’étais assis auprès de ‘Omar-ben-Khattâb quand devant notre groupe vint à passer un convoi funèbre. Comme on faisait l’éloge du défunt, ‘Omar s’écria : « Il lui est assuré. » Un second convoi ayant succédé au premier, on fit encore l’éloge du défunt. « Il lui est assuré », répéta ‘Omar. Enfin, un troisième convoi suivit, et, cette fois, on blâma la conduite du défunt. « Il lui est assuré », reprit encore ‘Omar. « Ô prince des Croyants, demandai-je alors, qu’est-ce donc ce qui est assuré ? --- Je répète, répondit ‘Omar, ce que j’ai entendu dire au Prophète, à savoir que tout musulman sur lequel quatre autres porteraient un témoignage favorable serait admis par Dieu en paradis. Et, comme nous demandions au Prophète si le témoignage de trois suffirait, il nous répondit que oui. Puis, comme nous parlions de deux seulement, il nous dit que deux aussi suffiraient. Mais nous ne l’interrogeâmes point au sujet du témoignage d’un seul. »



CHAPITRE LXXXVII. --- De ce qui est relatif au châtiment dans la tombe. – De ces mots du Coran : « Si tu voyais les injustes dans les angoisses de la mort alors que les anges, étendant les mains, leur disent : « …faites sortir vos âmes ; aujourd’hui vous allez subir le châtiment d’ignominie… » (sourate VI, verset 93). – De cette autre parole du Coran. « …Nous les châtierons à deux reprises ; après quoi ils seront renvoyés à un châtiment terrible. » (sourate IX, verset 102). – De cette autre parole du Coran : « …Le peuple du Pharaon a été enveloppé par un funeste châtiment (en ce monde) ; il sera (ensuite) présenté au feu soir et matin. – Et le jour où se lèvera l’heure dernière on leur dira : « Peuple de Pharaon, pénètre (maintenant) dans le plus terrible des châtiments (sourate XL, verset 48, 49).

1.
D’après El-Barâ-ben-‘Âzib, le Prophète a dit : « Lorsque le mort a été déposé dans la tombe, on vient vers lui et alors il témoigne qu’il n’y a d’autre divinité que Dieu et que Mohammed est son Envoyé. C’est à cela que fait allusion ce passage du Coran : Dieu affermira ceux qui croient avec la parole ferme… » (sourate XIV, verset 32).

2.
Ibn-‘Omar a dit : « Après avoir considéré un instant les cadavres jetés au fond du puits (de Bedr), le Prophète leur adressa les paroles suivantes : « Vous avez trouvé maintenant la réalisation des promesses de votre Seigneur. » Puis, comme on lui faisait remarquer qu’il interpellait des morts, il répondit : « Vous n’entendez pas mieux qu’eux, mais ils ne peuvent répondre. »

3.
‘Âïcha rapporte que le Prophète seulement a dit : « Certes ils savent maintenant que ce que je leur disais était la vérité. » Car le Très-Haut a dit dans le Coran : « Tu ne feras pas entendre les morts… » (sourate XXVII, verset 82).

4.
‘Âïcha rapporte qu’une juive entra chez elle et lui parla du châtiment de la tombe. « Dieu, ajouta-t-elle, te préserve du châtiment de la tombe ! » ‘Âïcha interrogea à ce sujet l’Envoyé de Dieu qui lui répondit : « Oui, certes, le châtiment de la tombe est une réalité. » --- « Dans la suite, ajoute ‘Âïcha, je ne vis jamais l’Envoyé de Dieu faire une seule prière sans demander à Dieu d’être préservé du châtiment de la tombe. »
Ghondhar ajoute : le châtiment de la tombe est une réalité.

5.
Asmâ-bent-Abou-Bakr a dit : « L’Envoyé de Dieu, s’étant levé pour prêcher, parla du tourment dans la tombe qui attend l’homme dans sa sépulture. En entendant ses paroles, les musulmans poussèrent une grande clameur.

6.
Qatâda rapporte que Anas-ben-Mâlik leur avait raconté ce qui suit :
« L’Envoyé de Dieu a dit : « Quand le mort a été descendu dans sa tombe, que ses amis se sont éloignés et qu’il entend encore le claquement de leurs sandales, voici qu’il voit venir à lui deux anges qui le font dresser sur son séant et lui disent au sujet de Mohammed : « Que disais-tu de cet homme ? » Si le mort est un vrai croyant il répondra : « Je confesse qu’il est le serviteur et l’Envoyé de Dieu. » Alors les anges lui diront : « Regarde la place que tu aurais occupée en enfer. En échange Dieu t’a assigné une place dans le Paradis. » Et l’homme verra à la fois les deux places. » Qatâda ajoute : « Et l’on nous a raconté que le mort est ensuite à l’aise dans sa tombe. » Puis il revient au récit de Anas en ces termes
« Quant à l’hypocrite ou au mécréant, à la question qui était posée : « Que disais-tu de cet homme ? » il répondra : « Je ne sais trop ; je répétais ce que tout le monde disait. » Alors les anges lui diront : « Tu n’as donc rien su, tu n’as donc rien lu ? » Et ils le frapperont avec un bâton de fer si violemment qu’il poussera un cri tel que tous les êtres du voisinage l’entendront sauf les hommes et les génies. »



CHAPITRE LXXXVIII. --- De l’invocation que l’on fait pour être préservé du châtiment de la tombe.

1.
Abou-Ayyoub a dit : « Un jour, le Prophète étant sorti après le coucher du soleil entendit des voix : « Ce sont, dit-il, des Juifs qui subissent le châtiment dans leurs tombeaux. »

2.
La fille de Khâlid-ben-Sa’îd-ben-El-‘Âs a raconté qu’elle entendit le Prophète faire des invocations pour être préservé du châtiment de la tombe.

3.
Abou-Horaïra a dit :
« L’Envoyé de Dieu faisait l’invocation suivante : « Ô mon Dieu, je cherche auprès de toi un refuge contre le châtiment de la tombe, contre celui de l’enfer, contre les épreuves de la vie, de la mort et contre celles de l’Antéchrist. »



CHAPITRE LXXXIX. --- Le châtiment de la tombe provoqué par la médisance et la façon d’uriner.

1.
Ibn-‘Abbâs a dit : « Passant un jour auprès de deux tombeaux, le Prophète dit : « Ceux qui gisent ici subissent le châtiment de la tombe, et ce n’est point pour des fautes graves : l’un d’eux colportait de méchants propos ; l’autre, en urinant, ne se préservait pas du contact de son urine. » Puis, le Prophète prit un morceau de bois vert, le rompit en deux et planta chacun des morceaux sur une des tombes. « Peut-être, ajouta-t-il, éprouveront-ils quelque allègement à leur peine aussi longtemps que ce bois ne sera pas desséché. »



CHAPITRE XC. --- La vue de la place qu’il occupera dans la vie future est offerte au mort, le matin et le soir.

1.
D’après Ibn-‘Omar, l’Envoyé de Dieu a dit : « Quand un homme est mort, le matin et le soir, on lui montre la place qu’il occupera ; s’il doit aller au Paradis, parmi les gens du Paradis, s’il doit aller en Enfer, parmi les gens de l’Enfer, et on lui dit : « Voilà où tu demeureras lorsque Dieu t’aura ressuscité, au jour de la Résurrection. »



CHAPITRE XCI. --- Ce que dit le mort sur le brancard funèbre.

1.
Abou-Sa’îd-El-Khodry a dit : « L’Envoyé de Dieu s’est exprimé en ces termes : « Quand le corps a été placé sur le brancard funèbre, que les hommes l’emportent sur leurs épaules, le cadavre, si le défunt a été juste, dira : « Faites-moi avancer, faites-moi avancer. » Dans le cas contraire, le cadavre dira : « Malheur à moi ! Où m’emmenez-vous ? » Et toute la nature entendra ces mots, sauf l’homme, car l’homme, s’il les entendait, tomberait foudroyé. »



CHAPITRE XCII. --- De ce qui a été dit au sujet des enfants des musulmans. – Abou-Horaïra a dit d’après le Prophète : « Quiconque aura perdu trois enfants, non encore pubères, sera, par leur mort, protégé contre l’enfer ou entrera dans le paradis. »

1.
D’après Anas-ben-Mâlik, l’Envoyé de Dieu a dit : « Tout musulman auquel la mort aura enlevé trois enfants non encore pubères, Dieu les fera entrer au Paradis grâce à sa miséricorde envers ces enfants. »

2.
El-Barâ a dit :
« Lorsque Ibrâhîm mourut, l’Envoyé de Dieu s’écria : « Bien sûr il trouvera une nourrice au Paradis."



CHAPITRE XCIII. --- De ce qui a été dit au sujet des enfants des polythéistes.

1.
Ibn-‘Abbâs a dit : « Interrogé au sujet des enfants des polythéistes, l’Envoyé de Dieu répondit : « Dieu, lorsqu’il les a créés, savait mieux que personne quels seraient leurs actes futurs. »

2.
Abou-Horaïra a dit : « Interrogé au sujet des enfants des polythéistes, l’Envoyé de Dieu répondit : « Dieu savait mieux que personne quels seraient leurs actes futurs. »

3.
D’après Abou-Horaïra, l’Envoyé de Dieu a dit : « Tout enfant qui naît, naît musulman. Puis ce sont ses parents qui en font un juif, un chrétien ou un adorateur du feu. Il en est des enfants comme des animaux : En voyez-vous jamais naissent avec les oreilles coupées. »



CHAPITRE XCVIII bis.

1.
Samora-ben-Djondob a dit :
« Après avoir prié, le Prophète avait l’habitude de se tourner vers nous et de nous dire : « L’un de vous a-t-il fait, la nuit dernière, quelque rêve ? » Et si l’un de nous avait eu un rêve, il le racontait, et le Prophète disait ce que Dieu voulait qu’il dît. Un jour qu’il nous avait posé la question habituelle et qu’on lui avait répondu négativement, il dit : « Eh ! bien, moi, j’ai vu cette nuit en songe deux hommes venir à moi. Il me prirent par la main et m’emmenèrent vers la Terre-Sainte et voilà que j’aperçus deux individus : l’un assis, l’autre debout. Ce dernier tenait à la main (un instrument) --- et, suivant un des compagnons de El-Bokhâri, c’était un crochet de fer --- qu’il introduisait dans le coin de la bouche de l’homme assis ; puis il tirait sur ce crochet jusqu’à ce qu’il eût ramené le coin de la bouche vers la nuque. Ensuite, il procédait de la même façon avec l’autre coin de la bouche, puis quand le premier coin de la bouche était guéri il renouvelait le supplice. --- Que signifie ceci ? demandai-je à mes compagnons. --- En route ! me répondirent-ils. »
« Nous nous mîmes de nouveau en marche jusqu’à ce que nous nous trouvâmes auprès de deux autres individus : l’un, couché sur le dos ; l’autre, debout, tenant à la main un caillou --- ou un fragment de roc --- s’en servait pour broyer la tête du premier. Après chaque coup, la pierre roulait et, pendant le temps que le bourreau mettait à l’aller ramasser, la tête du supplicié se cicatrisait et reprenait sa forme. Alors le bourreau se remettait à frapper sa victime. --- Que signifie ceci ? demandai-je à mes compagnons. --- En route ! me répondirent-ils. »
« Nous reprîmes alors notre course et trouvâmes une cavité pareille à un four à pain, étroit au sommet, large à la base. Au-dessous était un brasier. Quand les flammes du brasier atteignaient cette cavité, le contenu se soulevait au point d’en sortir presque. Quand le feu s’apaisait le contenu retombait au fond. Or il y avait là-dedans des hommes et des femmes qui tous étaient nus. --- Qu’est-ce que ceci ? demandai-je. --- En route ! me répondit-on. »
« Et de nouveau nous marchâmes jusqu’à ce que nous parvînmes auprès d’un fleuve de sang. Un homme s’y tenait debout, tandis qu’au milieu de ce fleuve --- ou sur la rive, suivant d’autres râwi, --- il y avait un autre homme ayant devant lui un tas de pierres. Chaque fois que l’homme qui était dans le fleuve cherchait à en sortir, l’autre homme lui lançait une pierre à la bouche et l’obligeait ainsi à retourner à sa place. Et la scène recommençait sans fin. --- Qu’est-ce que ceci ? m’écria-je. --- En route ! me répondit-on. »
« Nous reprîmes notre marche jusqu’à ce que nous atteignîmes un parterre de verdure où se dressait un arbre gigantesque. Au pied de cet arbre se tenait un vieillard et des enfants. Puis, près de là, un homme entretenait un feu allumé devant lui. Mes compagnons me firent monter sur l’arbre et me firent ensuite entrer dans une maison telle que je n’en avais jamais vu de plus belle. Là se trouvaient des hommes âgés, des jeunes gens, des femmes et des enfants. Après m’avoir fait sortir de cette maison, mes compagnons me firent remonter à l’arbre et entrer dans une maison plus belle, plus splendide que la première où il y avait également des vieillards et des jeunes gens. « Vous m’avez promené toute cette nuit, dis-je alors à mes compagnons ; apprenez-moi maintenant ce que signifie tout ce que j’ai vu. » --- « Eh bien, me répondirent-ils, l’homme dont tu as vu déchirer la bouche était un imposteur qui colportait des mensonges qui se transmettaient sur son autorité jusqu’aux confins de l’horizon. On continuera à le traiter ainsi jusqu’au jour de la Résurrection. Quant à celui dont tu as vu broyer la tête, c’était un homme à qui Dieu avait enseigné le Coran et qui dormait toute la nuit sans rien réciter du Livre Saint et passait le jour sans le mettre en pratique. On lui infligera ce même châtiment jusqu’au jour de la Résurrection. Ceux que tu as aperçu dans la cavité, ce sont des gens coupables d’adultère. Celui que tu as vu dans le fleuve était un de ceux qui vivent de l’usure.
« Le vieillard qui se tenait au pied de l’arbre, c’était Abraham et les enfants qui l’entouraient étaient les fils des hommes. Celui qui entretenait le feu, c’était Mâlik, le gardien de l’Enfer. La première demeure dans laquelle tu es entré, c’est le lieu de séjour de la généralité des musulmans ; l’autre demeure était celle réservée aux martyrs. Moi, je suis Gabriel et mon compagnon c’est Michel. Maintenant lève la tête. »
« Aussitôt je levai la tête et aperçus au-dessus de moi quelque chose qui ressemblait à un nuage. « Voilà, me dirent mes deux compagnons, la place qui t’est réservée. --- Laissez-moi y entrer, leur demandai-je alors. --- Il te reste encore un temps à vivre, me répondirent-ils, et ce temps tu ne l’as pas encore accompli ; dès que tu l’auras achevé, tu entreras dans la demeure qui t’est réservée. »



CHAPITRE XCIV. --- De la mort qui survient le lundi.

1.
‘Âïcha a dit : « J’entrai chez Abou-Bakr qui m’adressa la question suivante : « Dans combien de vêtements avez-vous enseveli le Prophète ? --- Dans trois vêtements blancs de Sahoul, répondis-je ; et, dans le nombre, il n’y avait ni turban, ni chemise. --- Quel jour de la semaine, demanda-t-il, est mort l’Envoyé de Dieu ? --- Un lundi, repris-je. --- Et quel jour est-ce aujourd’hui ? --- Lundi. --- J’espère, ajouta-t-il, que ma mort surviendra avant la nuit prochaine. » Puis, regardant le vêtement qu’il avait sur lui et qu’il avait porté au cours de sa maladie, il aperçut qu’il portait des traces de safran. « Lavez ce vêtement, reprit-il, et il me servira de linceul avec deux autres vêtements que vous y ajouterez. --- Mais, fis-je observer, ce vêtement est usé. --- Les vivants, répliqua-t-il, ont plus que les morts droit à porter des vêtements neufs. L’unique sort de mon linceul sera d’être imprégné de sanie. » Abou-Bakr ne mourut qu’aux premières heures de la nuit du lundi et il fut enterré avant qu’il fit grand jour. »



CHAPITRE XCV. --- De la mort subite, inattendue.

1.
D’après ‘Âïcha, un homme vint dire au Prophète : « Ma mère a rendu l’âme subitement. Si elle avait pu parler à ses derniers moments, je crois qu’elle aurait prescrit des aumônes. Dans le cas où je ferais des aumônes en son nom, recevrait-elle pour ce fait une récompense céleste ? --- Oui, répondit le Prophète. »



CHAPITRE XCVI. --- De ce qui a été dit au sujet des tombeaux du Prophète, de Abou-Bakr et de ‘Omar. – De ces mots du Coran : « …et il lui a donné un tombeau » (sourate LXXX, verset 21) – De ces autres mots du Coran « …un lieu de rassemblement où il y aura des vivants et où seront ensevelis les morts » (sourate LXXVII, verset 25).

1.
‘Âïcha a dit : « Pendant sa maladie, l’Envoyé de Dieu supputait les jours : « Chez qui dois-je être aujourd’hui ? Chez qui demain ? » demandait-il, trouvant que le jour où il devait se trouver chez moi tardait à venir. Or ce fut le jour où il était chez moi et pendant qu’il reposait entre mon flanc et ma poitrine, que Dieu le rappela à lui. On l’enterra dans ma chambre. »

2.
‘Âïcha a dit : « Pendant la maladie, dont il ne se releva pas, l’Envoyé de Dieu s’écria : « Dieu maudisse les Juifs et les Chrétiens qui ont pris pour oratoires les tombeaux de leurs prophètes ! » Si ces paroles n’avaient pas été proférées, le tombeau de l’Envoyé de Dieu aurait été livré au public. Mais il avait craint --- ou l’on avait craint --- que sa tombe servît d’oratoire. »
Hilâl (un des râwi) ajoute : « Orwa-ben-Ez-Zobaïr me donna un surnom bien que je n’eusse pas d’enfant. »

3.
Abou-Bakr-ben-‘Ayyâch rapporte que Sofyân-Et-Tammâr lui avait dit avoir vu le tombeau du Prophète : « Ce tombeau était bombé (en forme de bosse de chameau) ».

4.
D’après ‘Orwa-ben-Ez-Zobaïr, lorsque, au temps de El-Walîd-ben-‘Abdelmalik, le mur (de la chambre d’’Âïcha) s’écroula, on entreprit de le reconstruire. Au cours des travaux on trouva un pied humain. A cette vue les ouvriers furent effrayés à la pensée que ce pied pouvait être celui du Prophète et ils n’avaient trouvés personne qui pût les renseigner à ce sujet lorsque ‘Orwa leur dit : « Non, par Dieu ! ce n’est pas le pied du Prophète ; ce ne peut être que celui de ‘Omar ».
‘Orwa ajouta que ‘Âïcha fit à ‘Abdallah-ben-Ez-Zobaïr la recommandation suivante : « Ne m’enterre pas avec eux, mais enterre-moi avec mes compagnes à El-Baqî’, sinon je ne pourrais jamais être justifiée d’avoir voulu être enterrée aux côtés du Prophète ».

5.
‘Amr-ben-Maimoun-El-Aoudi a dit :
« En ma présence, ‘Omar-ben-El-Khattâb s’adressa à son fils en ces termes : « Ô ‘Abdallah, va-t-en vers ‘Âïcha, la mère des Croyants ; donne-lui le salut de ma part, puis demande lui à ce que je sois enterré avec mes deux compagnons. --- J’aurais désiré cette place pour moi, répondit ‘Âïcha ; mais, aujourd’hui, je donne la préférence à ‘Omar sur moi-même. » Quand ‘Abdallah revint ‘Omar lui dit : « Eh bien, quelle réponse apportes-tu ? --- Elle t’accorde ce lieu de sépulture, ô prince des Croyants. »
« Rien, dit ‘Omar, ne me tenait plus à cœur que d’obtenir cette place pour ma sépulture. Quand Dieu m’appellera auprès de lui, portez mon corps vers ‘Âïcha, saluez-la. Toi, ô mon fils, parle-lui en ces termes : « ‘Omar-ben-El-Khattâb te demanda la permission d’entrer. » Si elle me l’accorde, enterrez-moi où vous savez ; sinon, ramenez mon corps au champ de repos des musulmans. Quant au califat, je ne connais personne qui soit plus digne d’en disposer que ce groupe de personnes dont l’Envoyé de Dieu était satisfait au jour de sa mort. Celui-là devra être calife qu’ils auront choisi pour me succéder ; vous l’écouterez et lui obéirez. Et il nomma alors ‘Otsmân, ‘Ali, Talha, Ez-Zobaïr, ‘Abderrahmân-ben-‘Auf et Sa’d-ben-Abou-Waqqâs.
« A ce moment un jeune homme des Ansâr pénétra auprès de ‘Omar et lui dit : « Réjous-toi, ô prince des Croyants, de la nouvelle du bon accueil qui te sera fait par Dieu. Comme tu le sais, tu as été un des premiers à embrasser l’islam ; puis tu as été calife et tu as été juste. Enfin, après tout cela, tu mourras martyt. --- « Ô fils de mon frère, répondit ‘Omar, plaise à Dieu que ce califat que j’ai exercé n’ait aucune influence sur mon sort futur, qu’il ne s’y trouve rien à ma charge ni rien à mon avantage. Je recommande au calife qui me succédera d’être bon pour les premiers mohâdjir, de reconnaître tous les droits qu’ils ont, de leur conserver le respect qu’ils méritent. Je lui recommande aussi de bien traiter les Ansâr qui ont accordé un asile au Prophète et à la foi ; qu’il soit accueillant pour ceux d’entre eux qui font le bien et qu’il pardonne à ceux d’entre eux qui font le mal. Je lui recommande enfin, par l’engagement qu’il a pris vis-à-vis de Dieu et de son Envoyé, d’observer fidèlement le pacte conclu avec eux, de combattre ceux qui sont derrière eux et de ne rien leur imposer qui soit au-dessus de leurs forces. »



CHAPITRE CXVII. --- De la défense qui est faite d’injurier les morts.

1.
‘Âïcha rapporte que le Prophète a dit : « N’injuriez pas les morts, car ils sont maintenant arrivés à la place qu’ils s’étaient préparée. »



CHAPITRE CXVIII. --- Des pires d’entre les morts.

1.
D’après Sa’îd-ben-Djobaïr, Ibn-‘Abbâs dit un jour : « Abou-Lahb ayant dit au Prophète : « Puisses-tu périr avant la fin de ce jour », le verset suivant fut révélé : « Périssent les deux mains de Abou-Lahb et qu’il périsse lui-même ! » (sourate CXI, verset 1).


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Titre 1 :
De la révélation à son début.
Titre 2 :
De la foi     
Titre 3 :
De la science.
Titre 4 :
Des ablutions
Titre 5 :
De la lotion.
Titre 6 :
Des menstrues.
Titre 7 :
De la lustration
Titre 8 :
De la prière.
Titre 9 :
Des heures fixées pour la prière.
Titre 10 :
De l'appel à la prière.   
Titre 11 :
Du vendredi.
Titre 12 :
De la prière en cas de danger.
Titre 13 :
Des deux fêtes.
Titre 14 :
De la rika' impaire.
Titre 15 :
Des rogations.
Titre 16 :
Des éclipses.
Titre 17 :
De la prosternation (pendant
 la récitation du Coran.)
Titre 18 :
De l'abrègement de la prière.
Titre 19 :
De la prière nocturne.
Titre 20 :
De la supériorité de la prière (faite) dans la mosquée de la Mecque et dans celle de Médine.
Titre 21 :
Des catégories d'actes permis pendant la prière.
Titre 22 :
Des distractions dans la prière.
Titre 23 :
Des funérailles.
Titre 24 :
De la dîme.
Titre 25 :
Du pèlerinage.
Titre 26 :
De la visite pieuse.
Titre 27 :
Du pèlerin empêché.
Titre 28 :
De l'expiation du délit de chasse et
d'autres choses analogues.
Titre 29 :
Des mérites de Médine.
Titre 30 :
Du jeûne.
Titre 31 :
De la prière (en commun) pendant
les nuits de Ramadan.
Titre 32 :
De l'excellence de la nuit du destin.
Titre 33 :
 De la retraite spirituelle.
 



 

 

© La Plume de l'Islam

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




 

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